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AIM

c’eſt-à-dire, quelques livres au-delà de ſon propre poids. Pour éviter tant ſoit peu la perte des forces qui réſultoit de ces procédés, M. Fuſſ ne détacha le contact entièrement des barres, qu’après avoir diſpoſé par quelques traits les conduits du fer-à-cheval, à recevoir le fluide qui devoit les traverſer ; & pour en augmenter l’affluence, il plaça ſur les grandes barres Α B & C D, une autre paire de celles de 18 pouces a b & c d, figure 417, dont il dirigea le courant dans les inférieures, moyennant des morceaux de fer doux m, n, inclinés ſur leurs faces.

M. Euler, par un autre procédé, parvint à communiquer à un autre fer-à-cheval de la même grandeur, un degré de magnétiſme ſupérieur au précédent. Il le mit ſimplement ſur une table couverte de feutre, pour éviter tout remuement nuiſible, & le frotta, garni de ſon ſupport, avec une paire des barreaux de 12 pouces, par la double touche à compas. Par cette opération, continuée ſur l’autre face, & réitérée enſuite à diverſes repriſes, la pièce acquit une force magnétique telle, qu’ayant été ſuſpendue quelques jours & chargée de quelques autres pièces d’acier, dont le poids pouvoit monter à cent dix livres, elle les a portées ſans la moindre altération.

[La vertu magnétique que l’on communique à un morceau de fer ou d’acier, y réſide tant que ces corps ne ſont pas expoſés à aucune action violente qui puiſſe la diſſiper : il y a néanmoins des circonſtances aſſez légères qui peuvent détruire en très-peu de temps le magnétiſme du fer le mieux aimanté. Nous allons rapporter ici les principales.

Premièrement, lorſqu’on a aimanté un morceau de fer ſur un aimant vigoureux, ſi on vient à le paſſer ſur le pôle ſemblable d’un aimant plus foible, il perd beaucoup de ſa vertu, & n’en conſerve qu’autant que lui en auroit pu donner l’aimant foible ſur lequel on l’a paſſé en dernier lieu. 2o. Lorſqu’on paſſe une lame de fer ou d’acier ſur le même pôle de l’aimant ſur lequel on l’a déja aimantée, mais dans une direction contraire à la première, la vertu magnétique de la lame ſe diſſipe auſſitôt, & ne ſe rétablira qu’en continuant de paſſer la lame ſur le même pôle, dans le dernier ſens : mais les pôles ſeront changés à chaque extrémité, & on aura bien de la peine à lui communiquer autant de vertu magnétique qu’elle en avoit d’abord.

3o. Il eſt eſſentiel de bien toucher les pôles de l’aimant avec le morceau de fer qu’on veut aimanter, & de ne pas ſe contenter de l’en approcher à une petite diſtance, non-ſeulement parce que c’eſt le meilleur moyen de lui communiquer beaucoup de vertu magnétique, mais parce que la matière magnétique ſe diſtribue dans le fer ſuivant une ſeule & même direction. Voici une expérience qui prouve la néceſſité du contact du fer & de l’armure de l’aimant, pour que la communication ſoit parfaite ; ſi on paſſe une aiguille de bouſſole d’un pôle à l’autre de l’aimant, en lui faiſant toucher ſucceſſivement les deux boutons de l’armure, elle acquerra la vertu magnétique, & ſe dirigera nord & ſud, comme l’on ſait.

Mais ſi, après avoir examiné ſa direction ; on la repaſſe une ſeconde fois ſur l’aimant dans le même ſens qu’on l’avoit fait d’abord, avec cette ſeule différence, qu’au lieu de toucher les boutons de l’armure, on ne faſſe que l’en approcher, même le plus près qu’il eſt poſſible, ſa vertu magnétique s’affoiblira d’abord, & elle en acquerra une autre, mais avec une vertu directive préciſément contraire à la première : & ſi on continue à l’aimanter dans le même ſens, en recommençant à toucher les boutons de l’armure, cette ſeconde vertu magnétique ſe détruira, & elle en reprendra une autre avec ſa première direction ; & on détruira de cette manière ſon magnétiſme & ſa direction autant de fois que l’on voudra.

4o. Pour bien conſerver la vertu magnétique que l’on a communiquée à un morceau de fer, il faut le garantir de toute percuſſion violente ; car toute percuſſion vive & irrégulière, détruit le magnétiſme. On a aimanté une lame d’acier ſur un excellent aimant, & après avoir reconnu la vertu attractive, qui étoit très-forte, on l’a battue, pendant quelque temps, ſur une enclume ; elle a bientôt perdu toute ſa vertu, à cela près, qu’elle pouvoit bien lever quelques parcelles de limaille, comme fait tout le fer battu ; mais elle n’a jamais pu enlever la plus petite aiguille : la même choſe ſeroit arrivée en la jetant pluſieurs fois ſur un carreau de marbre.

5o. L’action du feu détruit auſſi, en grande partie, la vertu magnétique que l’on a communiquée ; après avoir bien aimanté une lame de fer, on la fait rougir dans le feu de forge juſqu’au blanc ; lorſqu’on l’a préſentée, toute chaude, à de la limaille de fer, elle n’en a point attiré : mais elle a repris le magnétiſme en ſe refroidiſſant. Cependant, lorſqu’on a aimanté une lame de fer actuellement rouge, elle a attiré de la limaille de fer, & cette attraction a été plus vive après que la lame a été refroidie.

6o. L’action de plier ou de tordre un morceau de fer aimanté, lui fait auſſi perdre ſa vertu magnétique : on a aimanté un morceau de fil de fer, de manière qu’il ſe dirigeoit avec vivacité, ſuivant le méridien magnétique ; enſuite on l’a courbé pour en former un anneau, & on a trouvé qu’il n’avoit plus de direction ſous cette forme ; on l’a redreſſé dans ſon premier état : mais toutes ces violences lui avoient enlevé la vertu magnétique, enſorte qu’il ne ſe dirigeoit plus. On a conjecturé que les deux pôles avoient agi l’un ſur l’autre, dans le point de contact, & s’étoient détruits mutuellement : on a donc aimanté de nouveau le même fil de fer, & pluſieurs autres ſemblables, & on en a fait des anneaux imparfaits. On a remarqué

qu’ils