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AIR

ment des oiſeaux, mais des lapins. Il en eſt de même de celles de l’huile d’olive, & de l’huile de pétrole ; les oiſeaux tombent alors en convulſion, chancellent, tombent dans l’eſpace d’une minute, & ne peuvent plus ſe ſouſtraire à la mort. Les vapeurs d’alkali volatil fluor produiſent de fortes convulſions, quoique toujours incommodes, quelques-uns en échappent. On peut facilement multiplier ces expériences.

La vapeur des charbons, qui fument fait tomber les animaux qu’on y expoſe, & ils périſſent auſſitôt, à moins qu’on ne les retire auſſitôt pour leur donner des ſecours. Mais rien n’eſt plus nuiſible que la vapeur du ſoufre, car ſi on laiſſe tomber ſur le fer rougi, de la fleur de ſoufre par l’entonnoir, un animal quelconque périt ſans reſſource & dans l’inſtant. J’ai fait pluſieurs fois cette épreuve ſur des chiens, des chats, des moineaux, des poulets & des canards. Quand on a vu ces expériences, on n’eſt point ſurpris qu’on ait toujours regardé comme le poiſon le plus ſubtil & le plus mortel pour tous les animaux, la vapeur du ſoufre. Auſſi juſqu’à préſent n’en a-t-on point trouvé d’auſſi efficace pour faire périr ces inſectes deſtructeurs qui rongent les collections d’oiſeaux, de quadrupèdes & les ſuites d’entomologie qui compoſent les cabinets d’hiſtoire naturelle. Je m’en ſuis ſervi pluſieurs fois avec ſuccès, je puis l’aſſurer, pour conſerver les diverſes ſuites d’animaux qui compoſent mon cabinet d’hiſtoire naturelle.

On peut faire cette ſuite d’expériences que je viens de rapporter avec un autre appareil, & en employant la machine pneumatique, ainſi qu’on le voit dans la figure 277. On place ſous le récipient un animal ; lorſqu’on fait agir la pompe pneumatique, la fumée des charbons eſt portée par la preſſion de l’air extérieur du réchaud dans l’entonnoir, dans le tube de communication, & enſuite dans le récipient. On peut faire entrer de cette vapeur en plus grande quantité, en multipliant les coups de la pompe pneumatique. On intercepte à volonté la communication entre le réchaud & le récipient, par le moyen du robinet de l’entonnoir qu’on ouvre ou ferme, ſelon qu’on le juge à propos. De cette manière on peut varier les expériences, & obſerver attentivement les divers effets des vapeurs de différens genres ſur pluſieurs eſpèces d’animaux, & comparer les réſultats. On peut mettre de l’encens ſur les charbons ardens du réchaud, du ſoufre, &c. &c.

On ne ſera donc pas ſurpris des maux qui arrivent ſi ſouvent, lorſque l’air qu’on reſpire eſt altéré & vicié par différentes cauſes. Les perſonnes qui ont l’imprudence de dormir dans les appartemens où elles ont laiſſé de la braiſe mal éteinte, des charbons qui fument encore ; celles qui reſpirent les exhalaiſons qui émanent du blé renfermé dans des greniers, ou d’autres végétaux accumulés dans des granges ; celles qui habitent dans des appartemens nouvellement blanchis à la chaux, ſont toutes la victime de leur ignorance ou de leur imprudence.

La fumée des bougies, & des chandelles ſur-tout, des lampes multipliées, altère auſſi beaucoup l’air. Des oiſeaux ſoumis à cette épreuve, dans l’appareil précédent, meurent bientôt ; & ces animaux y périſſent d’autant plus tôt, qu’on y allume un plus grand nombre de chandelles. En diſſéquant ceux qu’on a fait mourir par ce procédé, on obſerve que le poumon eſt plus rouge qu’il ne devroit être, que le cœur & les gros vaiſſeaux ſont alors diſtendus par une trop grande abondance de ſang, & qu’une partie de l’air intérieur eſt conſommé, ou qu’il a perdu de ſon reſſort. Cette multiplicité de luſtres, de bougies & de lampes, qui brûlent dans les ſpectacles, jointes aux émanations de la reſpiration & de la tranſpiration d’une multitude de perſonnes, doivent donc beaucoup vicier l’air : auſſi voit-on aſſez ſouvent des perſonnes délicates y tomber en défaillance.

L’air eſt néceſſaire à l’entretien du feu, en général, à toute combuſtion ; car la combuſtion n’eſt qu’une combinaiſon de l’oxigène, ou baſe de l’air vital, avec les corps ſuſceptibles de combuſtibilité. Après la combuſtion, le gaz oxigène, qui eſt une des parties conſtituantes de l’air atmoſphérique, étant donc conſommé, le réſidu de l’air doit n’être, en grande partie, que du gaz azote, entièrement impropre à la combuſtion & à la reſpiration ; d’où il ſuit qu’après la combuſtion, le volume & la maſſe de l’air vicié ont dû diminuer très-ſenſiblement. Voyez les mots Combustion, Feu.

L’air non-renouvellé eſt très-nuiſible à l’économie animale, parce qu’il eſt bientôt vicié par les émanations différentes qui s’exhalent des ſubſtances qu’il contient. La tranſpiration pulmonaire & cutanée ſont capables d’altérer l’air en peu de temps, & de produire des effets bien pernicieux. L’expérience ſuivante que je fais dans mes cours de phyſique, frappe ſingulièrement tous ceux qui en ſont témoins. Prenez un bocal de verre, plongez-y une bougie allumée, la flamme s’y conſervera. Ôtez enſuite cette bougie ; mettez à votre bouche un tube de verre, ou de papier fait à l’inſtant, inſpirez par ce moyen l’air du bocal, en fermant les narines avec les doigts, & en faiſant une ou deux profondes inſpirations, après leſquelles vous chaſſerez lentement par l’expiration l’air du poumon dans ce bocal. Vous obſerverez qu’en plongeant de nouveau la bougie allumée, elle s’éteindra ; ce qui prouve que la reſpiration eſt capable de vicier l’air au point de le rendre abſolument impropre à être reſpiré. D’où on conclut qu’il y a du danger à reſter trop long-temps dans un lit au fond d’une alcove & environné de rideaux, comme ne le pratiquent que trop les perſonnes qui n’ont pas des notions de phyſique, & dont la ſanté s’affoiblit &

s’altère