Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
2
ABE

de même la paupière inférieure, & va finir au petit angle, en partant du grand angle. La figure elliptique ou circulaire de ce muſcle, dont les deux extrémités ſont fixes, forcent les fibres charnues de devenir plus droites par la contraction, de ſorte que les deux parties de ce muſcle ferment parfaitement bien l’œil : auſſi ce muſcle eſt-il appellé le fermeur par quelques anatomiſtes ; par d’autres, l’humble, parce qu’il tire l’œil de haut en bas, & fait regarder la ſurface de la terre. Le muſcle releveur ou le ſuperbe, a une fonction oppoſée, celle de lever l’œil de bas en haut, & de regarder le ciel.

ABAS ou OVAL. C’eſt le terme dont le peuple ſe ſert, en quelques endroits, pour déſigner le vent d’occident, ſoit parce qu’il vient du côté de la mer, qui eſt l’endroit le plus bas de la ſurface de la terre, ſoit parce que ce vent eſt ordinairement plus bas que les autres, quand ils ſoufflent enſemble : ainſi, il dit, vent d’Abas, vent d’Oval.

ABDOMEN, eſt un terme d’anatomie, par lequel on déſigne le bas-ventre ; celui-ci commence immédiatement au-deſſous de la poitrine, & ſe termine par le fond du baſſin des os innominés. On peut en voir la deſcription dans tous les ouvrages d’anatomie, & en particulier dans le dictionnaire de l’encyclopédie par ordre des matières, qui a rapport à cet objet. Nous n’avons fait mention ici de ce mot, étranger à la phyſique, que pour avoir occaſion de faire obſerver, au commencement de cet ouvrage, que des mots de ce genre ne doivent point être cherchés ni contenus dans le dictionnaire de phyſique : ce ſeroit faire un double emploi, & groſſir inutilement cette partie de l’encyclopédie méthodique.

L’abdomen dans les inſectes, eſt la partie poſtérieure du corps qui eſt unie au corcelet par un filet ; il eſt diviſé en pluſieurs ſegmens, & renferme ordinairement les inteſtins & les parties de la génération : ſa figure varie beaucoup.

ABE

ABEILLE. Ce nom eſt abſolument étranger à la ſcience qui traite de la phyſique, & on doit être étonné de le trouver dans un dictionnaire de phyſique qui a été publié, il y a quelque temps. Il appartient au dictionnaire d’hiſtoire naturelle, & en particulier à celui qui traite des inſectes : c’eſt-là qu’il faut le chercher, & on l’y trouvera avec une juſte étendue, ainſi que tout ce qui regarde les autres inſectes. Il en doit être de même des autres animaux, des végétaux & des minéraux, & nous profitons de cette occaſion pour généraliſer ici l’obſervation que nous venons de faire dans l’article précédent. Nous dirons ſeulement, pour rendre cet article moins ſec, que l’abeille eſt un genre d’inſecte de la claſſe des hymenoptères, que parmi les abeilles à miel, il y a des mâles, des femelles & des mulets ; que pluſieurs naturaliſtes ont penſé que toutes les abeilles avoient été d’abord ſauvages, & qu’elles nous étoient venues des forêts du nord, &c.

L’Abeille ou mouche, eſt encore le nom d’une petite conſtellation placée dans l’hémiſphère céleſte méridional, au-deſſous de la Croix, & près du Caméléon. On la trouve dans tous les nouveaux planiſphères, dans les cartes céleſtes publiées en dernier lieu, & dans les nouveaux globes céleſtes. M. Delalande en a parlé dans ſa grande aſtronomie, & dans le dictionnaire de mathématique, partie aſtronomique.

ABERRATION aſtronomique ; Aberration des étoiles ; Aberration des fixes : c’eſt une eſpèce de mouvement apparent qu’on obſerve dans les étoiles : on s’étoit apperçu depuis long-tems que la poſition des étoiles éprouvoit de certaines variations qui ne répondoient en aucune manière au mouvement apparent d’un degré en ſoixante-douze ans, que leur donne la préceſſion des équinoxes. Feu M. l’abbé Picard avoit remarqué ces variations dans l’étoile polaire, dès l’année 1671. Les obſervations extrêmement multipliées de M. Bradley lui offrirent, non-ſeulement les variations obſervées par l’abbé Picard, mais encore beaucoup d’autres qu’on n’auroit pas même ſoupçonnées. Il trouva des étoiles qui paroiſſoient avoir, dans l’eſpace d’un an, une eſpèce de balancement en longitude, ſans changer en aucune manière de latitude ; d’autres qui varioient en latitude, ſans changer de longitude ; & d’autres enfin, & c’étoit le plus grand nombre, qui paroiſſoient décrire dans le ciel, pendant l’eſpace d’une année, une petite ellipſe plus ou moins alongée.

La période d’une année qu’affectoient tous ces mouvemens ſi différens les uns des autres, faiſoit bien voir que le mouvement de la terre y entroit pour beaucoup ; mais il n’étoit pas auſſi aiſé de déterminer de quelle manière il y pouvoit influer ; enfin, des efforts réitérés lui firent trouver la cauſe de ces bizarreries apparentes dans le mouvement ſucceſſif de la lumière combiné avec celui de la terre autour du ſoleil. Voyez Bradley, dans ce dictionnaire de phyſique.

On avoit cru, pendant long-tems, que la viteſſe de la lumière étoit phyſiquement infinie. M. Roëmer oſa avancer le premier qu’elle ne l’étoit pas, & même déterminer le tems qu’elle mettoit à traverſer les ſoixante-ſix millions de lieues qui forment le diamètre de l’orbe annuel. Cet exact & induſtrieux obſervateur avoit remarqué que les émerſions du premier ſatellite de Jupiter tardoient à meſure que Jupiter s’éloignoit de l’oppoſition, & que ce retardement alloit dans les éclipſes les plus proches de la conjonction, juſqu’à 11 minutes : il penſa que ces 11 minutes n’étoient que le temps que le premier rayon du ſatellite ſortant de l’ombre, mettoit à parcourir la diſtance qui ſe trouvoit entre les deux poſitions de la terre proche de l’oppoſition & proche de la jonction, & que par conſéquent la viteſſe de la lumière étoit non-ſeulement finie, mais même meſurable. Cette explication ſi naturelle ne fut cependant unanimement adoptée par les phyſiciens, que long-tems après la mort de Roëmer. Ce fut de ce mouvement ſucceſſif que Bradley tira l’explication des variations irrègulières qu’il avoit obſervées dans les étoiles, & auxquelles il donna le nom d’Aberration des