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donne la deſcription d’un anémomètre qui, outre l’effet des précédens, les indique encore une ſeconde fois, en faisant tourner une petite ſtatue aimantée, ſuſpendue au milieu d’un globe de verre, & tenant en sa main une baguette, par le moyen de laquelle, eſt indiqué un des 32 airs de vent qui ſont peints ſur l’équateur de ce globe : nous n’avons fait mention ici de ces variétés, que pour avoir occasion de dire que nous retrancherons de ce dictionnaire tout ce qui ne ſeroit pas utile & ne feroit que groſſir l’ouvrage.

Lorſqu’on n’a pas d’anémomètre, & lorſque les girouettes ſont peu mobiles, on peut, pour connoitre la direction des vents, examiner le cours des nuages. Recevant l’impulſion des vents, ils indiquent par leur marche, celle des vents : ce ſont des courans d’air qui entraînent tout ce qu’ils rencontrent. Si on eſt d’autant plus ſûr de bien connoitre la direction des vents par ce moyen que les nuages ſont très-légers, très-mobiles. Mais on obſervera cependant que le cours des nuages ne déſigne pas toujours les vents qui ſont près de la terre ; car ils peuvent être oppoſés ; différens courans avec des directions même contraires exiſtant quelquefois à diverses hauteurs dans l’atmoſphère.

On peut encore avoir recours à la direction de la fumée qui ſort des cheminées, & que le vent entraîne facilement dans ſon cours. La grande mobilité de la fumée, ſa proximité de la ſurface de la terre rendent précieux, le ſecours qu’on peut en tirer pour un obſervateur qui n’a point d’anémomètre, & qui veut comparer la direction des vents près de terre, à ceux qui règnent dans la région des nuages.

L’anémomètre qui marque la force du vent, eſt d’une très grande utilité pour un météorologiſte. On en a imaginé pluſieurs. Les tranſactions philoſophiques contiennent la deſcription d’un inſtrument de ce genre, qui conſiſte en une plaque mobile ſur le limbe gradué d’un quart de cercle ; le nombre des degrés parcourus marque la force du vent, qu’on ſuppoſe ſouffler perpendiculairement contre la plaque mobile.

Un des inſtrumens les plus ſimples & les plus faciles à conſtruire pour évaluer la force du vent, eſt le ſuivant : il eſt compoſé d’une planche d’un pied quarré, au milieu de laquelle eſt fixée une tige quarrée dans une direction perpendiculaire. Cette tige entre & gliſſe librement dans une eſpèce de boîte qui eſt un peu plus longue que la tige, & au fond de la boîte eſt placé un reſſort à boudin, qui cède ſucceſſivement en proportion de la force qui pouſſe la planche. Un des côtés de la tige eſt taillé en crémaillère, & chaque dent, en entrant dans la boîte, ſoulève une petite bride à reſſort foible, qui retombe auſſitôt & l’empêche de revenir : alors on connoît par le nombre des dents qui ſont entrés, ou par des marques faites ſur un des côtés de la tige, de combien la planche a cédé à la force impulſive qu’on a fait agir ſur elle.

Afin d’évaluer par des poids connus cette force impulſive, on tient la boîte et la tige dans une ſituation verticale, & l’on place ſur la planche ſucceſſivement des poids qui vont en augmentant comme les nombres 1, 2, 3, 4, 5, &c. & on marque par un chiffre, ſur un des côtés de la tige, l’endroit qui répond à l’entrée de la boîte. Cette graduation étant faite, si l’on tient cette machine à la main, de manière que la face antérieure de la planche ſe préſente perpendiculairement à la direction du vent, on eſtime la force actuelle par le chiffre qui eſt arrivé au bord de la boîte. Voyez la figure 250.

Le ressort à boudin eſt fait avec un fil d’acier tourné en tire-bourre, & trempé auparavant, afin qu’il conſerve plus long-temps ſon degré d’élasſticité. La boîte eſt faite de deux pièces, dans chacune deſquelles on creuſe une cavité pour recevoir la moitié du quarré de la tige ; on les colle enſuite à plat-joint, avec un lien de métal, ſi l’on veut, au bout qui reçoit la tige. Le fond que l’on colle à feuillure en D, ſuffit pour aſſurer la jonction des deux pièces,

M. Wan Swinden, pour meſurer la force du vent ſe ſert d’un anémomètre également conſtruit ſur la méthode de M. Bouguer. (manœuvres des Vaiſſeaux, p. 181 ; traité du navire p. 359) ; & ſon inſtrument exprime en onces la preſſion du vent ſur une ſurface d’un pied quarré. Quand le vent monte au delà de 16, 20 ou au plus de 24 onces, j’applique, dit-il, à la tige de l’inſtrument, un carton dont la ſurface n’eſt que d’un quart de pied quarré, en place d’un carton d’un pied quarré, qui me ſert ordinairement. On voit aiſément que les diviſions de la tige qui marquent ordinairement le poids d’une once en marquent 4 en ce cas. La diviſion de la tige de cet anémomètre a été faite par expérience, en chargeant l’inſtrument ſucceſſivement d’un, de deux, de trois onces, &c. & ainſi les irrégularités du reſſort ne peuvent avoir ici aucune influence.

Anémomètre de Wolf, L’anémomètre qui eſt décrit dans le chapitre ſixième de l’airométrie de Wolf, tome ſecond de ſon grand Cours de mathématiques, eſt mû par le moyen de quatre ailes, ſemblables à celles d’un moulin à vent. Nous n’en parlerons pas ici, parce qu’elle n’eſt pas exacte.

M. Poleni & M. Pilot ont propoſé chacun des anémomètres ; le premier dans ſon ouvrage, de la meilleure manière de meſurer ſur mer le chemin d’un vaiſſeau ; le ſecond, dans ſa théorie de la manœuvre réduite en pratique.

Anémomètre de M. Guſteau. Cet inſtrument eſt repréſenté dans la fig. 251. Α Α eſt un cylindre de deux ou trois pieds de longueur au plus, ſelon la diſtance du toit au plafond, de l’appartement dans lequel on veut faire répondre la machine. Ce