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ARÉ
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on peut ſupposer que les aréomètres conſtruits ſelon la méthode de M. le Raz, ne ſeront pas tous du poids de mille grains. Pour remédier à ce défaut, s’il arrivoit, ce phyſicien propoſe le moyen suivant : On fera une proportion dont les trois premiers termes seront, 1o. les mille grains que l’inſtrument devroit peſer ; 2o. le poids du pèſe-liqueur donné ; 3o. le poids dont on s’est ſervi dans le pèſe-liqueur de mille grains, pour produire le ſecond enfoncement. Suppoſons, par exemple, qu’un aréomètre ne pèſe que huit cents grains, & qu’on ſe ſoit ſervi d’un poids de quarante grains pour le ſecond enfoncement, on fera la proportion suivante : 1 000 : 800 : : 40 X = 32. On chargera donc de trente-deux grains l’aréomètre qui ne pèſe que huit cent. Alors, plongé dans l’eau diſtillée refroidie au cinquième degré, il s’y enfoncera proportionnellement à celui du pèſe-liqueur de mille grains, par une charge de quarante grains : enſuite on diviſera en quarante parties égales l’intervalle des deux immerſions de l’aréomètre, & il deviendra, dit-il, comparable à celui de mille grains. C’est une erreur palpable.

Par le moyen de cet inſtrument, dit M. de Lanthenée, on peut juger facilement de la peſanteur ſpécifique des ſolides, & conſéquemment faire la fonction d’une balance hydroſtatique. Alors on pèſe les ſolides dans l’air, & enſuite dans l’eau, après les avoir attachés avec un crin à un crochet ménagé au-deſſous de l’aréomètre. « Suppoſons, par exemple, un corps qui pèſe quarante grains dans l’air ; on évaluera ces quarante grains en parties pareilles à celles dont le pèſe-liqueur vaut mille, ce qui s’exécute par la proportion ſuivante : Si huit cents grains, poids du pèſe-liqueur, ſont évalués à mille, à quel nombre de ces parties répond le poids du corps qui pèſe quarante grains ? En effectuant cette régie, le quatrième terme ſera cinquante. On plonge enſuite le pèſe-liqueur dans l’eau. Suppoſons que dans cette opération, ſon enfoncement réponde au nombre 1 002 ; on l’y replonge enſuite avec le corps dont nous venons de faire mention. Il eſt évident que ſi ce corps ne perdoit rien de son poids, le pèſe-liqueur s’y enfonceroit alors jusqu’au nombre 1 052 ; mais comme il perd néceſſairement une partie de ſon poids, ſuppoſons que cet enfoncement ne réponde qu’au n°. 1 047, le corps adjoint au pèſe-liqueur perdra donc de ſon poids, qui ſera préciſément celui du volume d’eau qu’il aura déplacé. La peſanteur ſpécifique de cette eau, comparée à celle du corps plongé, ſera donc dans le rapport de cinq à cinquante, ou comme mille eſt à dix mille.

La manière dont M. le Raz de Lanthenée a expoſé la conſtruction & l’uſage de ſon aréomètre, eſt ſéduisante : ſon uſage peut s’étendre à un grand nombre de cas ; mais cependant il n’eſt pas propre à indiquer le degré de ſpirituoſité de l’eau-de-vie ou de l’eſprit-de-vin, à cauſe que la diviſion de ſon échelle eſt en parties égales. De plus, cet inſtrument eſt d’une conſtruction difficile ; la tige doit être rigoureuſement cylindrique, ce qui eſt bien rare : d’un autre côté, cet aréomètre ne diffère pas eſſentiellement de celui de Farenheit, dont la conſtruction très-ſimple eſt certainement préférable. Ce phyſicien parle encore de l’aréomètre à tige, dont les enfoncemens ſeroient marqués ſur une échelle attachée invariablement au vaſe qui contient la liqueur ; il ignoroit ſans doute que M. de Parcieux en a décrit un ſemblable dans ſon troiſième mémoire ſur les eaux de l’Yvette.

L’aréomètre de feu M. de Parcieux eſt repréſenté dans la fig. 268 ; on l’y voit en face. Il eſt de profil & dans le moment où l’on s’en ſert dans la fig. 269. La fig. 270 en montre les différentes parties. Α B eſt un vaſe cylindrique de fer blanc, de trois pieds de longueur & de trois pouces de diamètre, propre à contenir l’eau qu’on veut peſer. C D eſt une fiole de verre dont la cavité extérieure qui ſe trouve à ſon fond, eſt remplie de petites balles de plomb pour lester la fiole, & épargner le mercure qu’on eſt obligé de mettre dans ſon intérieur. Ces grains de plomb ſont retenus avec de la cire qu’on coule & que l’on taille enſuite en hémiſphère a n a, E F eſt un fil de laiton argenté, de 30 pouces de longueur, & dont le diamètre ne peut être déterminé que par le tâtonnement ; ordinairement il eſt d’environ une ligne de diamètre. Ce fil eſt la tige du pèſe-liqueur. GH eſt une régle de bois diviſée par pouces & par lignes, de la même longueur que le fil de laiton, terminée par une queue quarrée I qui entre dans la douille K, ſoudée à l’orifice du vaſe de fer blanc. Cette régle eſt l’échelle de l’aréomètre, dont la tige est E F, enfoncée dans le bouchon de liége m qui ferme la fiole, parcourt tout l’eſpace, lorſqu’après avoir péſé l’eau la plus legère, comme l’eau diſtillée ou l’eau de pluie, on péſe auſſitôt l’eau de puits. Ces eaux doivent être à la même température, pour cet effet on les laiſſe environ trois quarts d’heure dans le même endroit avant de les peſer.

Cet aréomètre fut imaginé par ſon auteur, pour déterminer la péſanteur ſpécifique de l’eau de l’Yvette qu’il ſe propoſoit de faire conduire à Paris ; & par ſon moyen, il prouva très-bien que cette eau étoit douée de la même légèreté ſpécifique que les meilleures eaux. L’analyſe chimique & l’obſervation confirmèrent encore qu’elle étoit très-ſalubre. On peut voir dans les mémoires de l’académie des ſciences, plusieurs mémoires de ce ſavant, ſur cet objet ; celui ſur l’aréomètre eſt dans le recueil de 1766, pag. 158.

Aréomètre de M. Briſſon. Cet aréomètre donne, ſans calcul, & par la seule immerſion, le rapport de la peſanteur ſpécifique des liqueurs à celle des