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quide & qu’enſuite on le lève fort doucement, & qu’on l’en retire, la liqueur y reſtera attachée, même quelquefois à une hauteur aſſez conſidérable ; enſorte qu’il reſte entre le corps & la ſurface du liquide, une petite colonne qui y demeure ſuſpendue ; cette colonne ſe détache & retombe lorſqu’on a élevé le corps aſſez haut pour que la peſanteur de la colonne l’emporte ſur la force attractive. Muſſch.

La force avec laquelle le verre attire les fluides, ſe manifeſte principalement dans les expériences ſur les tuyaux capillaires. Voyez Tuyaux capillaires.

Il y a une infinité d’autres expériences qui conſtatent l’exiſtence de ce principe d’attraction entre les particules des corps.

Toutes ces actions, en vertu deſquelles les particules des corps tendent les unes vers les autres, ſont appelées en général par Newton, du nom indéfini d’attraction, qui eſt également applicable à toutes les actions par leſquelles les corps ſenſibles agiſſent les uns ſur les autres, ſoit par impulſion ou par quelque autre force moins connue ; & par-là, cet auteur explique une infinité de phénomènes, qui ſeroient inexplicables par le ſeul principe de la gravité ; tels ſont la cohéſion, la diſſolution, la coagulation, la criſtalliſation, l’aſcenſion des fluides dans les tuyaux capillaires, les ſécrétions animales, la fluidité, la fixité, la fermentation, &c. Voyez les articles Cohésion, Dissolution, Coagulation, Cristallisation, &c.

« En admettant ce principe, ajoute cet illuſtre auteur, on trouvera que la nature eſt par-tout conforme à elle-même, & très-ſimple dans ſes opérations, qu’elle produit dans tous les grands mouvemens des corps céleſtes par l’attraction de la gravité qui agit ſur les corps, & preſque tous les petits mouvemens de leurs parties, par le moyen de quelque autre puiſſance attractive répandue dans ces parties ; ſans ce principe il n’y auroit point de mouvement dans le monde, & ſans la continuation de l’action d’une pareille cauſe, le mouvement périroit peu-à-peu, puiſqu’il devroit continuellement décroître & diminuer, ſi ces puiſſances actives n’en reproduiſoient ſans ceſſe de nouveaux. Optique, pag. 373.

Il eſt facile de juger après cela combien ſont injustes ceux des philoſophes modernes qui ſe déclarent hautement contre le principe de l’attraction, ſans en apporter d’autre raiſon, ſinon qu’ils ne conçoivent pas comment un corps peut agir ſur un autre qui en eſt éloigné. Il eſt certain que dans un grand nombre de phénomènes, les philoſophes ne reconnoiſſent point d’autre action que celle qui eſt produite par l’impulſion & le contact immédiat ; mais nous voyons dans la nature pluſieurs effets ſans y remarquer d’impulſion ; ſouvent même nous ſommes en état de prouver que toutes les explications qu’on peut donner de ces effets, par le moyen des lois communes de l’impulſion, ſont chimériques & contraires aux principes de la mécanique la plus ſimple. Rien n’eſt donc plus ſage & plus conforme à la vraie philoſophie, que de ſuſpendre notre jugement ſur la nature de la force qui produit ces effets. Par-tout où il y aura un effet, nous pouvons conclure qu’il y a une cauſe, ſoit que nous la voyons ou que nous ne la voyons pas ; mais quand la cauſe eſt inconnue, nous pouvons conſidérer ſimplement l’effet, ſans avoir égard à la cauſe ; & c’eſt même à quoi il ſemble qu’un philoſophe doit ſe borner en pareil cas ; car d’un côté ce ſeroit laiſſer un grand vide dans l’hiſtoire de la nature, que de nous diſpenser d’examiner un grand nombre de phénomènes, ſous prétexte que nous en ignorons la cauſe ; & de l’autre, ce ſeroit nous expoſer à faire un roman que de vouloir raiſonner ſur des cauſes qui nous ſont inconnues. Les phénomènes de l’attraction ſont donc la matière des recherches phyſiques ; & en cette qualité, ils doivent faire partie d’un ſyſtême de phyſique ; mais la cauſe de ce phénomène n’eſt du reſſort du phyſicien que quand elle eſt ſenſible, c’eſt-à-dire, quand elle paroît elle-même être l’effet de quelque cauſe plus relevée ; (car la cauſe immédiate d’un effet ne paroît elle-même qu’un effet, la première cauſe étant inviſible) ainſi nous pouvons ſuppoſer autant de cauſes d’attraction qu’il nous plaira, ſans que cela puiſſe nuire aux effets. L’illuſtre Newton ſemble même être indécis ſur la nature de ces cauſes ; car il paroît quelquefois regarder la gravité comme l’effet d’une cauſe immatérielle, (Opt. pag. 343 &c.) & quelquefois il paroît la regarder comme l’effet d’une cauſe matérielle. Ibid. pag. 325.

Dans la philoſophie Newtonienne, la recherche de la cauſe eſt le dernier objet qu’on a en vue, jamais on ne penſe à la trouver que quand les lois de l’effet & les phénomènes ſont bien établis, parce que c’eſt par les effets ſeuls ; remonter juſqu’à la cauſe, les actions même les plus palpables & les plus ſenſibles, n’ont point une cauſe entièrement connue ; les plus profonds philoſophes ne ſauroient concevoir comment l’impulſion produit le mouvement, c’eſt-à-dire, comment le mouvement d’un corps paſſe dans un autre par le choc ; cependant la communication du mouvement par l’impulſion, eſt un principe admis, non-ſeulement en philoſophie, mais même en mathématique ; & même une grande partie de la mécanique élémentaire a pour objet les lois & les effets de cette communication. Voyez Percussion & Communication de mouvement.

Concluons donc que quand les phénomènes ſont ſuffiſamment établis, les autres eſpèces d’effets où l’on ne remarque point d’impulſion, ont le