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forêt de hêtres & de ſapins qui couvre cette pente, & ne laiſſa pas un arbre ſur pied dans ſa route, ainſi que le rapporte M. de Luc, qui a été ſur les lieux mêmes quelque temps après ce terrible accident. Cet ouragan produit par l’avalanche, ſuſpendit le cours du Gipre qui coule dans la vallée, & renverſa du côté oppoſé un grand nombre d’arbres, & des granges bien plus ſolides que celles qui reſtèrent couvertes & écraſées par l’avalanche dans le pâturage des communes. Ce pâturage des communes eſt ſurmonté par des pentes très-roides, formées des débris des rochers ſupérieurs ; ces pentes, avec les rochers qui les dominent, forment une hauteur verticale de plus de 3 000 pieds dans une vaſte étendue. Preſque toute cette ſurface ſe couvre de neige, qui s’y accumule par différentes cauſes, ainſi qu’on vient de le dire.

AVR

AVRIL ; c’eſt ainſi qu’on nomme le quatrième mois de l’année, ſelon notre calendrier. Chez les Romains il étoit le ſecond, leur année commençant en mars, avant que Numa y eût ajouté janvier & février : il eſt compoſé de trente jours ; ſa lettre fériale eſt G : c’eſt vers le 20 avril que le ſoleil paroît entrer dans le ſigne du taureau, qu’il parcourt juſqu’au 21 mai. Nous avons dit que le ſoleil paroiſſoit entrer dans ce signe, mais réellement c’eſt la terre qui parcourt le ſigne oppoſé ; ſavoir, celui du ſcorpion. On a penſé que l’origine de ce mot avril, aprilis en latin, venoit d’aperio, j’ouvre, parce que dans ce mois, la terre commence à ouvrir ſon ſein, pour nous enrichir de cette multitude de végétaux qu’elle produit chaque année.

AUG

AUGE ou AUGES ; terme d’aſtronomie, actuellement peu uſité, & qui ſignifie la même choſe qu’Absides ou Apsides. Voyez ces mots.

AUGURES. L’art des augures, c’eſt-à-dire, l’art de prédire l’avenir par les ſignes qu’on remarque dans le ciel en certaines circonſtances, telles que les météores lumineux, ignés ou aériens, tels que les aurores boréales, les éclairs, le tonnerre, le vent, &c, & même par le vol des oiſeaux, par leur chant, par la manière dont les poulets ſacrés mangeoient ; cet art prétendu eſt une des plus grandes abſurdités ſuperſtitieuses de l’antiquité. Jamais il n’y a eu de conviction entre les phénomènes naturels & les évènemens moraux, & conſéquemment il n’y a jamais eu de règle ſûre pour conclure avec ſûreté les uns des autres : que les éclairs paroiſſent à droite ou à gauche, à l’orient ou l’occident, au midi ou au ſeptentrion, on ne doit rien eſpérer, ni avoir aucune crainte. Auſſi en conſultant l’hiſtoire, en comparant les faits arrivés, on voit que tantôt ils ont été heureux, & tantôt malheureux, lorſque les éclairs brilloient à droite ou à gauche, &c. &c. On ne s’étendra pas davantage ſur ce ſujet, parce que l’abſurdité de ces rêveries anciennes eſt très-connue. Cicéron diſoit donc, avec raiſon, que les cérémonies de ce genre étoient ſi ridicules, qu’il s’étonnoit que deux augures puſſent s’entre-regarder ſans éclater de rire. Les Romains reçurent cet art des Toſcans, & ceux-ci des Cariens, des Ciliciens, des Piſidiens, des Égyptiens, & ces derniers des Chaldéens.

AUR

AURORE. L’aurore ou le crépuſcule du matin eſt cette lumière foible qui commence à paroître quelque temps avant le lever du ſoleil, dans nos climats, lorſque cet aſtre eſt à dix-huit degrés au-deſſous de l’horiſon, & qui augmente d’intenſité & d’éclat à meſure que le ſoleil s’élève & s’approche de l’horiſon, en un mot, juſqu’à ſon lever. Je penſe qu’on pourroit diſtinguer l’aurore du crépuſcule du matin ; celui-ci ſeroit cette lumière qui paroît vers l’orient lorſque la nuit finit. L’obſcurité eſt égale dans toutes les parties du ciel pendant la nuit. Lorſque le crépuſcule du matin commence on voit du côté de l’orient une portion de cercle lumineux qui s’agrandit ſuccessivement, & qui permet d’entrevoir les divers objets terreſtres en même-temps qu’elle contribue à diminuer l’éclat des étoiles. L’aurore commence à ce point où finit le crépuſcule, à cet inſtant où la lumière a un degré de vivacité, propre à faire diſtinguer les objets qu’on ne faiſoit qu’entrevoir auparavant, à ce moment où des flots de lumière, des rayons lumineux ſortent de deſſous l’horiſon & annoncent le lever prochain de l’aſtre du jour.

Les poètes ont fait l’aurore fille de l’air, & lui ont donné le titre d’avant-courrière du jour ; & en cette qualité, elle eſt chargée de la garde des portes de l’orient : c’est elle qui, au moment preſcrit les vient ouvrir avec ſes doigts de roſes. Elle envoie devant elle les zéphirs pour diſſiper les vapeurs ſombres & pour purifier l’air épaiſſi. Par-tout où elle paroît, elle ranime la verdure, fait naître les fleurs ſous ſes pas, & répand par-tout les graces & la joie avec la nouvelle du jour. Voilà l’aurore poétique, voyons l’aurore naturelle ; elle eſt ſi majeſtueuſe & ſi brillante, qu’elle n’a beſoin pour plaire d’aucun ſecours étranger. Je vois tout le tour de l’horiſon s’enflammer inſenſiblement du plus beau rouge : les nuages prennent par-tout des couleurs vives & variées ; les bords des plus épais deviennent des franges plus brillantes que l’argent : les légères vapeurs qui traverſent l’orient, s’y convertiſſent en or : le vert des plantes affoibli par les gouttes de roſée qui le couvrent, leur donnent la douceur & l’éclat des perles. Les accroiſſemens perpétuels de l’aurore nous annoncent quelque choſe de plus brillant qu’elle. Elle eſt un milieu plein de douceur, qui, en ſe fortifiant par degré, facilite à nos yeux le paſſage des ténèbres au grand jour ; un moment ajoute quelque choſe à celui qui l’a précédé. Nous allons de lumière en lumière juſqu’au moment où le ſoleil ſe levant, elle paroît dans ſa plénitude. Voyez Crépuscule.