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Ce réſultat pouvoit être encore modifié par les obſervations des nouveaux ſavans qui ſe ſont enſuite conſacrés à la météorologie, M. Van-Swinden par exemple, a compté à Franeker en Friſe, trente-ſix aurores bien décidées en 1777.

janvier. février. mars. avril. mai. juin. juillet. aoust. septemb. octob. novemb. décemb.
1, 2, 6, 5, 3, 1, 0, 3, 3, 5, 4, 3.

De la durée des aurores boréales. Rien n’eſt plus variable que le temps pendant lequel brillent les aurores boréales. Quelquefois elles ne paroiſſent que durant quelques minutes ; d’autres fois, pendant pluſieurs heures, il y a des circonſtances où on les voit pluſieurs jours de ſuite, ſoit avec interruption, ſoit ſans interruption. Pour prouver ces vérités, il ſuffit de citer quelques obſervations, relativement à la durée des aurores boréales pendant quelques jours de ſuite ; car tout le monde ſait que la durée de chaque apparition eſt infiniment variable, non-ſeulement d’un jour à l’autre, mais encore dans le même jour, c’eſt-à-dire, que la longueur de temps de quelques apparences eſt ſujette à des changemens très-multipliés.

L’aurore boréale du mois de ſeptembre 585, parut pendant trois nuits de ſuite. En 1593, l’aurore boréale se montra les 24, 25, 26, 27, 28, 29 & 30 octobre. Voyez la collection académique, tome VI, page 551. Voilà pour les temps éloignés de nous. Dans le ſiècle préſent, les choſes ont été les mêmes. M. Maraldi vit, en 1716, les 15 &16 décembre, l’aurore boréale ; de même le 6, le 9, 10 & 11 janvier 1717 ; le 6, 10 & 11 février 1720. En 1731, l’aurore boréale fut obſervée le 2, 3, 4, 5, 7 & 8 octobre ; de même le 23, 24 & 25 de ce mois.

Le 24 octobre 1769, M. l’abbé Diquemare vit au Havre, pendant quatre nuits conſécutives, une très-belle aurore boréale. Il en obſerva encore dans les derniers jours de mars, & pendant les dix premiers jours d’avril de l’année 1778. M. Muſſchenbroeck en en a auſſi obſervé une qui dura dix jours de ſuite.

M. Van-Swinden, dans l’année 1777, à Franeker en Friſe, où il a long-temps obſervé, a vu pluſieurs aurores boréales conſécutives ; ſavoir, les 6, 10, 11, 12, 22 & 29 mars de l’année 1777. Le mois ſuivant elle parut les 4, 5, 7, 8 & 9 ; en mai, le 30 & le 31 ; en octobre, le 8 & 10, le 24 & le 25.

Il paroît probable que les aurores boréales qui paroiſſent pendant pluſieurs nuits conſécutivement, ont continuellement duré ſans aucune interruption, & n’ont été effacées que par le jour. Je penſerois même que l’aurore boréale eſt preſqu’un phénomène permanent, qui non-ſeulement ſubſiste pendant pluſieurs mois, mais conſtamment & habituellement durant toute l’année ; & que c’eſt, ſous ce rapport, qu’il faut moins chercher les cauſes qui la font paroître que celles qui l’empêchent de ſe montrer toujours, & qui ſont ſi nombreuſes & ſi aiſées à être reproduites.

Les aurores boréales n’ont point de ceſſations périodiques & de repriſes régulières. Les idées d’ordre, d’enchaînement & de combinaiſon, plaiſent ordinairement à l’eſprit, & on eſt naturellement porté à imaginer dans la plupart des phénomènes une période réglée & des retours certains. La marche conſtante des aſtres, les loix préciſes qu’ils obſervent dans leur courſe réglée ; les variations régulières des ſaiſons, la production annuelle de pluſieurs végétaux & de quelques êtres animés dans des temps déterminés, nous perſuadent qu’il en eſt de même de divers autres phénomènes qui tiennent à un concours de cauſes variables ; c’eſt le propre de l’eſprit humain de vouloir tout généraliſer & de ſoumettre aux loix qu’il a créées tous les êtres de la nature ; il n’est donc pas étonnant que quelques-uns aient voulu ranger l’aurore boréale parmi les phénomènes coſmiques.

Le ſpectacle de l’aurore boréale ſe montre lorſque les cauſes qui concourent à le former ont lieu, & il diſparoît dès qu’elles ceſſent d’exiſter ; mais, comme depuis la production de notre globe, ces cauſes formatrices ont éprouvé continuellement de grandes variations, ce phénomène a dû ſe préſenter quelquefois avec plus ou moins de magnificence, ſans avoir de période réglée. C’eſt ainſi que les orages, les globes de feu, les tonnerres, les tremblemens de terre, les pluies, les iris, les couronnes, les parhélies, les paraſelènes, & les autres météores aériens, aqueux, ignées ou lumineux, ſont produits dans divers temps, quoiqu’ils n’aient point d’interruptions régulières & de retours périodiques.

À la vérité, en conſultant les anciens hiſtoriens, on ſeroit tenté de croire que l’aurore boréale ne s’eſt point montrée ou du moins très-rarement pendant des intervalles de temps aſſez conſidérables, mais le ſilence des auteurs ne forma jamais une preuve. La lumière zodiacale, qui certainement a toujours exiſté, n’a cependant été découverte qu’en 1683, par M. Caſſini, qui l’obſerva juſsqu’en 1688. MM. Fatio, Kirch & Eimmart en firent auſſi pluſieurs obſervations juſqu’en 1694 ; & depuis pluſieurs années ſe paſſèrent ſans que perſonne s’occupât de cet objet, & en fit conſéquemment aucune