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AUR

ainſi les heures de Paris répondent à celles de la Penſylvanie.

L’aurore boréale du 18 janvier 1770, fut très-belle ; on la vit dans toute l’Europe, à Cadix, à Rome, à Gênes, dans toute la France, à Vienne, dans la Hongrie & juſque dans les royaumes du nord. Les mêmes variations de lumière, & à-peu-près les mêmes phénomènes y furent obſervés en même temps.

Diverſes obſervations de l’aurore boréale. Ce n’eſt qu’en obſervant ſouvent les phénomènes de la nature, qu’on peut bien les connoître ; & ce n’eſt qu’en raſſemblant les principales obſervations qu’on a faites pendant pluſieurs années, qu’on peut en donner une idée à ceux qui n’en ont pas été témoins.

Le 6 mars 1707, M. Kirch, au rapport de Leibnitz, vit à Berlin une lumière boréale ; c’eſt la première dont il ſoit fait mention dans les Mémoires de l’académie des ſciences, & l’hiſtorien de l’académie dit qu’elle avoit quelque rapport à celle dont parle Gaſſendi dans la vie de Peireſc : elle représentoit deux arcs lumineux, dont l’un étoit plus élevé que l’autre, & tous les deux étoient directement vers le nord : leur concavité étoit tournée en en-bas, & leurs cordes parallèles à l’horiſon ; l’arc ſupérieur étoit interrompu ; des rayons de lumière naiſſans, & qui s’évanouiſſoient, alloient de l’un vers l’autre. Hiſtoire de l’académie des ſciences, année 1707, page 11. On vit auſſi cette aurore à Pinembourg, éloigné de deux lieues de Copenhague.

Le 11 avril 1716, M. Maraldi vit, à dix heures & demie du ſoir, une aurore boréale, ſous la forme d’une grande lumière blanchâtre, qui ſe répandoit le long de l’horiſon du côté du nord-oueſt & du nord, dans une étendue de 80 degrés, & qui en avoit ſept de largeur, hormis vers ſes deux extrémités ; cette lumière étoit cependant moins vive ; vers le haut de cette bande lumineuſe, s’élevoient de temps en temps d’autres traits de lumière, comme des colonnes perpendiculaires à l’horiſon, qui excédoient d’un degré ou deux la plus grande hauteur de la lumière horiſontale, & y faisoient des espèces de créneaux : elles paroiſſoient en différens endroits à-la-fois, & duroient tout au plus une demi-minute. Ce phénomène reparut encore les deux jours ſuivans, mais plus foible, ſur-tout le second jour. Hiſtoire de l’acad., 1716, pag. 6 &7. M. Maraldi, dans son Mémoire, donné la même année à l’académie, dit (pag. 97) que lorſque ces colonnes avoient diſparu, on étoit huit ou dix minutes ſans en voir aucune, après quoi il en paroiſſoit de nouveau pluſieurs autres, comme les premières, en différens endroits ; ainſi, ce ſpectacle recommença pluſieurs fois dans l’eſpace d’une heure, & continua juſqu’à onze heures & demie du ſoir ; outre la lumière conſtante & uniforme, dit-il, qui étoit ſemblable à l’aurore, mais plus claire & plus blanchâtre, on voyoit de temps en temps des colonnes d’une lumière un peu plus vive, qui avoient l’apparence des queues de comètes.

L’aurore boréale du 4 mars 1718, occupa environ 90 degrés de l’horiſon, & preſqu’une même étendue de côté & d’autre du nord. La clarté varioit en largeur ou hauteur ; elle avoit tantôt 5 ou 6 degrés, tantôt 7 ou 8. On y vit deux arcs lumineux, comme en 1707 ; ils ſe formèrent l’un au-deſſus de l’autre, en peu de temps : le plus élevé ſur l’horiſon étoit de 45 degrés, & beaucoup plus au-deſſus de ſon inférieur que celui-ci n’étoit au-deſſus du reſte de la lumière. Ils durèrent à-peu-près un quart-d’heure. Après qu’ils eurent été diſſipés, des colonnes verticales, qui n’avoient point encore paru, s’élevèrent en grand nombre & traverſèrent la lumière horiſontale, s’élevant juſqu’à la hauteur de 25 degrés. Hiſtoire de l’acad. 1718, pag. 1, 2.

Le 30 mars 1719, à huit heures dix-huit minutes du ſoir, l’aurore boréale fut obſervée à Paris, non-ſeulement par les phyſiciens & aſtronomes, mais encore par une grande partie du peuple de cette capitale : c’étoit une colonne de feu, élevée de 10 degrés ſur l’horiſon & couchée preſque paralèllement à l’horiſon ſur une étendue de 25 à 30 degrés, un peu plus large que le demi-diamètre du ſoleil dans ſon extrémité orientale, & terminée en pointe dans l’occidentale dans toute ſa longueur ; le haut étoit beaucoup plus clair que le bas, qui étoit fort rouge ; le tout enſemble effaçoit la lumière de la lune, quoiqu’elle fût alors dans ſon huitième jour, & fort nette, parce que le ciel étoit ſerein. Ce météore étoit entre le nord-nord-oueſt, & l’oueſt, & avoit un peu de mouvement vers l’oueſt ; il dura peu. Hist. de l’acad., 1719, pag. 2.

Le 17 avril de la même année, M. Maraldi obſerva encore une autre aurore boréale, non pas tranquille comme la précédente, ni uniforme, ni d’une courte durée, mais avec des colonnes qui s’élevoient de temps en temps, & disparoiſſoit de même, comme en 1716. Quand ces ſortes de météores ne ſont pas tranquilles, mais agités, il paroît que leur agitation eſt ordinairement la même : il y a un fond, une baſe de lumière, d’où il s’élève, à différentes reprises, des colonnes verticales. Souvent la lumière que faiſoient ces météores, étoit telle qu’on pouvoit lire les lettres capitales ; ſouvent auſſi on a vu les nuages qui paſſoient devant l’aurore boréale, la cacher pendant quelques inſtans ; ce qui prouve que la matière brillante de ce météore eſt au-deſſus des nuages.

M. de la Hire obſerva, le 23 octobre 1718, à onze heures du ſoir, une aurore boréale. Depuis le nord-eſt juſqu’à l’oueſt, on vit un nuage fort épais qui s’étendoit depuis l’horiſon juſqu’à 7 ou