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nuit qu’une clarté plus grande du côté du nord ; à neuf heures & demi presque tous les nuages, étoient diſſipés, excepté deux ou trois petits, ſitués vers le nord ; il n’y en avoit aucun du côté des trois autres points cardinaux ; on voyoit ſeulement quelques vapeurs répandues dans l’air ; un petit vent ſe fit ſentir pendant la durée de l’aurore boréale, ſur-tout vers la fin.

Je décrirai dans un inſtant les expériences d’électricité que je fis dans cette occaſion ; & on les trouvera à la fin de mon explication des aurores boréales. J’ajouterai ſeulement que le temps fut doux pendant toute la journée ; que la veille il avoit fait froid, le ſoleil avoit brillé, un vent très-fort s’étoit fait ſentir, & que les jours précédens il avoit été plus impétueux. Le lendemain de l’apparition de cette aurore boréale, le baromètre étoit à 28 pouces ; le temps fut beau, le ſoleil parut dans ſon éclat ordinaire, & la température fut chaude.

Le 30 janvier 1781, à ſix heures du ſoir, il y eut encore une aurore boréale tranquille, à Béziers : je n’apperçus aucun rayon lumineux ; une grande clarté blanche ſe faiſoit remarquer vers le nord : cette lumière étoit répandue à-peu-près également dans toute la région hémiſphérico-concave qu’occupe ordinairement l’aurore boréale ; à peine voyoit-on un petit ſegment obſcur très-peu élevé vers l’horiſon. Il n’y eut point de taches rouges ; le ſommet étoit preſque ſous l’étoile polaire, pendant la durée de ce phénomène, un petit vent ou plutôt une certaine agitation de l’air ſe fit ſentir ; le baromètre étoit à 20 pouces 2 lignes, & le thermomètre de Réaumur à 6 degrés & demi. À ſept heures, on n’appercevoit plus de trace de cette aurore, ſoit qu’il n’y en eût plus, ſoit que la clarté de la lune ſe confondît avec elle. Quelques nuages noirs occupoient alors l’eſpace où on avoit d’abord obſervé l’aurore boréale, quoique pendant le temps de l’apparition de ce phénomène, on ne remarquât aucuns nuages. Le temps fut ſombre dans la matinée ; depuis dix-heures & demie le ſoleil parut juſqu’à ſon coucher, & la soirée fut très-belle. Le lendemain, le vent du nord fut ſenſible, ſans être fort, & le temps très-beau. Le premier février, le vent devint violent, ſur-tout, vers les huit heures.

J’obſerverai ici qu’on ne doit point regarder d’un œil indifférent pluſieurs des circonſtances qui ont lieu pendant l’apparition des aurores boréales, & même avant ou après le phénomène ; le vent, par exemple, parce que, ſelon moi, il y a des vents électriques, des vents produits par des météores électriques, auſſi remarque-t-on toujours ou preſque toujours des vents avec les météores électriques de quelque importance.

Le 15 février 1781, ſur les huit heures & demie du ſoir, j’obſervai encore une aurore boréale dans la même ville ; pluſieurs taches rouges, des rayons lumineux & des colonnes radieuſes parurent du côté du nord, elles étoient principalement renfermées dans l’eſpace contenu entre une ligne tirée par les deux claires de la petite ourſe, & une autre ligne tirée au-dessus de caſſiopée. Un fond de lumière éclairoit tout ce ſpectacle ; mais des nuages noirs en aſſez grand nombre à l’horiſon du côté du nord, & à une certaine hauteur, empêchoient qu’on ne pût voir aucun ſegment obſcur ; on ne remarqua point d’arc lumineux ; mais ſeulement une grande clarté. Quelques nuages noirs, en petit nombre, étoient dans l’eſpace occupé par l’aurore boréale à une certaine diſtance & au-deſſus de ceux qui formoient près de l’horiſon une grande bande noire. Le vent du nord étoit aſſez fort, & plus que pendant la journée ; la veille, à une heure après midi, ce vent s’éleva, augmenta ſucceſſivement juſqu’à cinq heures & demie du ſoir où il fut des plus impétueux comme dans les ouragans. Le ſoleil fut aſſez chaud ; le 15 ſur-tout, vers les onze heures, midi, une & deux heures, le baromètre étoit à 27 pouces 11 lignes, le thermomètre au mercure, diviſé en 80 degrés du point de la congellation à celui de l’eau bouillante, & que j’ai appelé ci-deſſus de Réaumur, pour éviter des périphraſes & des répétitions‹ ; ce thermomètre étoit à 10 degrés. L’électricité de la machine électrique fut plus forte ainſi que celle des électrophores & des phoſphores ou tubes vides d’air ; les agitations de l’aiguille aimantée furent plus vives & plus multipliées, comme dans l’obſervation du 29 février 1780, qu’on trouvera à l’endroit cité ci-deſſus.

Le 25 février 1782, à ſix heures & demie du ſoir, je vis à Béziers une aurore boréale avec arc lumineux & ſegment obſcur, deux ou trois nuages noirs au-deſſus & allongés ; des vapeurs étoient répandues dans l’air, au nord & à l’oueſt ; des taches rouges paroiſſoient au nord-oueſt, mais d’une teinte foible ; on vit auſſi deux ou trois rayons qui avoient peu d’éclat ; l’étendue de cet article me force à abréger cette deſcription & les ſuivantes.

J’obſervai à Paris, le 27 avril 1783, vers onze heures, une belle aurore boréale qui déclinoit vers l’oueſt ; j’y vis un arc lumineux, un ſegment obſcur, des rayons lumineux, des jets de lumière en mouvement, & une eſpèce de pavillon au-deſſus de nos têtes. Le ſegment de l’aurore boréale me parut plus élevé que dans les provinces méridionales de France.

Le 29, ſur les huit heures & trois quarts, je vis encore à Paris une belle aurore boréale, avec deux arcs lumineux très-diſtingués, un ſegment obſcur & trois ou quatre colonnes de lumière, mais ſans