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La limaille de fer qu’on emploie doit être pure, ſans rouille ; il faut la paſſer au tamis pour en ſéparer les ſubſtances étrangères ; le mieux eſt encore de la purifier par le moyen de l’aimant, en ne prenant que celle que l’aimant a enlevée. On a préféré enſuite de petites lames de fer minces, connues ſous le nom de Riblon, & qui viennent des rognures de tôle. S’il ſe trouve des lames rouillées, on les met à part pour le faire décaper dans des eaux acides avant que de les employer.

L’acide vitriolique de bonne qualité ne coûte que 10 ſous la livre à la manufacture de javelle, près de Paris ; celui de Rouen, de la manufacture de M. Holker, eſt auſſi d’une bonne qualité.

On mêle cet acide vitriolique avec de l’eau pure dans le rapport d’une partie avec quatre parties d’eau ; il est bon de faire cette mixtion avec précaution dans des vaſes de grès ou de faïence, en ayant attention de mêler d’abord les deux liqueurs à petite doſe, à cauſe de la chaleur exceſſive qui en réſulte, & qui occaſionneroit la rupture des vaiſſeaux.

Pour obtenir l’air inflammable le plus léger, on le fait paſſer à travers l’eau, comme on le pratique dans les appareils hydro-pneumatique. On peut, lorſqu’on opère en grand, dispoſer un tonneau en forme d’appareil hydro-pneumatique, en le plaçant ſur un de ſes fonds, & en ne prenant que la moitié du fond ſupérieur, qu’on fixera à environ 2 pouces & demi du bord, ce qui formera une tablette qu’on aura eu ſoin de percer pour y mettre un entonnoir. On fera conſtruire une cloche ou récipient, non en verre, mais en fer blanc, peint à l’huile, de 2 pieds & demi de diamètre ſur 3 & demi de hauteur, ſurmontée dans le haut d’un robinet en cuivre, placé verticalement, & diſpoſé de manière à être ouvert ou fermé à volonté. Ce robinet doit avoir une alonge propre à être viſſée ſur un ſecond robinet adhérent à l’ouverture du ballon, & cette partie du ballon doit être un peu prolongée & faite en entonnoir.

Pour compléter l’appareil, on aura une eſpèce de bouteille en plomb, d’un pied de diamètre sur 2 pieds 6 pouces de hauteur, à double goulot, dont l’un, d’un pouce au moins de diamètre, ſervira pour introduire la limaille de fer & l’acide, & ſera fermée enſuite avec un bouchon de liége ; & l’autre ſera adhérent & ſoudé à un long tube en plomb recourbé & diſpoſé de manière à pouvoir être placé facilement ſous l’entonnoir de la tablette.

Ces trois principales pièces ainſi préparées, & la cuve hydro-pneumatique ou tonneau étant plein d’eau, l’on y enfoncera la cloche ou récipient en fer blanc ; en ayant ſoin d’ouvrir auparavant le robinet, afin que la cloche, en ſe vidant d’air, ſe rempliſſe d’eau avec facilité ; l’opération faite, on fermera le robinet, & on placera la cloche ſur la tablette dans la partie correſpondante au trou de l’entonnoir. Enſuite on mettra dans la bouteille en plomb environ deux livres de limaille de fer, ſur leſquelles on verſera de l’acide vitriolique, affoibli par l’eau, de manière qu’il y en ait aſſez pour que la limaille ſoit entièrement couverte par ce liquide. On remuera très-promptement la mixtion dans la bouteille de plomb, avec une longue ſpatule en fer, la bouteille ſera ſur le champ rebouchée ; & le gaz qui ſe dégagera avec impétuoſité, parviendra par le tube dans le récipient, où il déplacera l’eau. Dès qu’on s’appercevra que la cloche eſt pleine, ce qu’on reconnoîtra aux premières bulles d’air qui ſortiront ſous l’eau du récipient, l’on ouvrira le robinet de la cloche & celui du ballon qu’on ſuppoſe viſſé & ſuſpendu au-deſſus de l’appareil, & le gaz, lorſqu’on enfoncera la cloche dans l’eau, paſſera dans le ballon. L’eau qui remplira de nouveau la cloche, ſera déplacé à son tour par le gaz inflammable. L’on enfoncera encore le récipient dans l’eau, & en continuant cette manœuvre, l’on ſe procurera une bonne proviſion de gaz inflammable pur.

Il faut avoir ſoin, continue M. Faujas, lorſqu’on s’apercevra que l’efferveſcence continue de jeter de la nouvelle limaille & de l’acide dans la bouteille, & d’intervalle en intervalle de l’acide un peu plus fort, c’eſt-à-dire, affoibli ſimplement par deux portions d’eau. Mais comme à force de jeter de la limaille & de l’acide vitriolique dans la bouteille, elle ſe rempliroit, ce qu’il faut éviter, parce qu’alors l’acide monteroit lui-même en entraînant de la limaille ; il ſera néceſſaire, lorſqu’on aura beſoin d’une grande quantité de gaz, de ſe procurer deux bouteilles en plomb, parce que l’on aura la facilité par là de les ſubſtituer l’une à l’autre, & de nétoyer la première pendant que la ſeconde fournira du gaz. L’on aura attention, lorſqu’on changera ainſi de bouteille, de fermer le robinet du ballon.

On peut meſurer la force d’aſcenſion d’une machine aéroſtatique par le moyen d’une romaine, plus facilement encore par celui d’une romaine à cadran. Les cordes deſtinées à ſuſpendre la gondole ſeront nouées enſemble ſous le ballon ; on y paſſera le crochet de la romaine, fixée à terre par le crochet oppoſé tirant ſur une corde tendue & attachée à deux forts piquets. Au nombre de livres que la romaine marquera, on ajoutera ſon propre poids, & la force totale d’ascenſion ſera la ſomme de ces deux nombres.