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Le mouvement d’horlogerie contenu entre les deux platines, remplace l’agent qui en grand feroit mouvoir un aéroſtat ; en petit il montre que la machine abandonnée à elle même, agit ſeule pendant tout le temps que le reſſort renfermé dans le barillet ſe développe. Il ſuffit ſeulement de lever un peu les aîles, & de les abandonner enſuite à elles-mêmes, pour que tout l’effet ſoit produit.

Dans un aéroſtat en grand, l’appareil ſeroit plus ſimple, car on ſupprimeroit le mouvement d’horlogerie & les deux platines, ainſi que la portion intermédiaire de l’axe a, b, figure 245 ; il ſuffiroit de mettre une manivelle à l’extrémité E, de l’axe E F, figure 246, & autant de l’autre côté. Des hommes ſeroient appliqués à chacune de ces manivelles ; les manivelles tournant imprimeroient conſéquemment un mouvement de rotation à l’axe E F, à la fourchette D, N, F, B, I, C, & à l’axe G H, des aîles ou rames. On voit par-là que la machine en grand eſt plus ſimple qu’en petit, puiſque celle-ci exige un mouvement d’horlogerie, & la première deux manivelles.

Suppoſons un temps calme, il eſt clair que, les quatre aîles ou rames agiſſant enſemble également, l’aéroſtat ſera dirigé dans la ligne qui va de la poupe à la proue ; ſi les deux rameurs ſe retournent en regardant la poupe, l’aéroſtat ſuivra le prolongement de la même ligne, mais dans une direction diamétralement oppoſée à la première. On pourra faire aller à droite ou à gauche l’aéroſtat, ſi le rameur de la gauche ou celui de la droite agit ſeul, comme les bateliers le pratiquent ſur nos rivières (Voyez Bateau) ; ou bien ſi un d’eux rame avec plus de vîteſſe que l’autre. S’il y a un gouvernail, on pourra encore s’en ſervir utilement dans pluſieurs circonſtances.

Dans notre machine, lorſqu’elle eſt en expérience, le retournement des aîles eſt ſi prompt & ſi bien exécuté, qu’on ne s’en apperçoit pas, même après en avoir été prévenu. On eſt obligé de faire remarquer que toutes les aîles, lorſqu’elles ſont en X, X, figure 245, préſentent leur face, & montrent leur tranchant quand elles ſont en Z, Z. Or, puiſque par la conſtruction, les aîles z, h font des angles droits avec les aîles f, g, & que cette poſition eſt fixe ſur les arbres g h, i f, il eſt néceſſaire qu’il y ait un retournement total des aîles, de l’étoile & de ces arbres. Ce retournement devient ſenſible lorſque le mouvement eſt ſur ſa fin, parce qu’il ſe fait alors avec peu de vîteſſe.

M. Paucton a préſenté à l’académie des ſciences une eſpèce de rame d’une forme qui paroît propre à fournir une force motrice, capable d’agir d’une manière continue. Cette rame reſſemble à une vis ſans fin, qui, tournant ſur ſon axe toujours du même ſens, préſente à l’air un plan incliné qui, l’entamant de couche en couche, peut faire avancer la machine.

M. Étienne Montgolfier a donné dans les Mémoires des Savans étrangers un Mémoire sur les moyens mécaniques appliqués à la direction des machines aéroſtatiques. Voici le précis de la théorie de ce ſavant ſur les rames appliquées aux machines aéroſtatiques. La figure de l’aéroſtat en mouvement avec une vîteſſe quelconque, étant donnée, l’on peut ſuppoſer à la place une ſurface plane, qui éprouveroit avec cette vîteſſe la même réſiſtance ; mais ſi le mouvement de l’aéroſtat eſt entretenu par l’action des rames, que l’on ſuppoſe frapper l’air d’un mouvement uniforme & continu, les réſiſtances étant comme le carré des vîteſſes, l’on aura la réſiſtance que l’air oppoſe à l’aéroſtat, égale à la preſſion de ce même air contre la ſurface des rames ; d’où réſulte une équation qui ne renferme que la vîteſſe de l’aéroſtat, celle du centre d’impulſion des rames, la ſurface plane que l’on a ſubſtitué à l’aéroſtat & les ſurfaces des rames.

Si les rames ſont miſes en mouvement par l’action des hommes, action qui ſe meſure, comme l’on ſait, par la preſſion qu’ils exercent, multipliée par leur vîteſſe, l’on aura une ſeconde équation la quantité d’action dépenſée par les hommes, ſera égale à la preſſion que le fluide exerce contre le centre d’impulſion de la rame, multipliée par la vîteſſe de ce centre d’impulſion. Cette ſeconde équation, comparée avec la première, donnera ſoit la vîteſſe de l’aéroſtat, ſoit celle du centre d’impreſſion de la rame par une formule qui ne contiendra que la ſurface des rames, celle qui correſpond à la diſtance de l’aéroſtat, & la quantité d’action des hommes.

Comme les rames ont un point d’appui, la vîteſſe des hommes eſt à celle du centre d’impulſion des rames, comme le bras intérieur de la rame eſt à ſa partie extérieure meſurée juſqu’à ce centre d’impulſion. Ainſi, au moyen de la formule précédente & de cette obſervation, dans un mouvement ſuppoſé uniforme, dès que la figure de l’aéroſtat ſera donnée, ainſi que la ſurface des rames, ſi l’on ſuppoſe de plus que la quantité d’action que les hommes peuvent fournir dans l’emploi le plus avantageux de leur force, eſt donnée par l’expérience, toutes les autres quantités, telles que la vîteſſe de l’aéroſtat, celle du centre d’impulſion des rames, & le rapport entre la partie extérieure & l’intérieure de la rame, ſeront néceſſairement déterminées.

M. Montgolfier a tiré de ſes formules une concluſion très-intéreſſante, c’est que la vîteſſe de l’aéroſtat étant dans les cas applicables à la pra-