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ſurface intérieure, elle ne produira pas cet effet du côté de la ſuperficie extérieure, car elle ne peut pénétrer le verre. La première explication à laquelle j’ai adapté les connoiſſances modernes, paroît bien plus plauſible.

C’est dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, pour l’année 1705, que M. Amontons expoſa ce phénomène d’un baromètre lavé à l’eſprit-de-vin qui ſe tenoit dix-huit lignes bas que les autres. M. Homberg, qui le premier avoit fait cette obſervation, attribua cet abaiſſement du mercure dans le baromètre, non ſeulement à la dilatation de l’eſprit-de-vin qui étoit reſté au haut du tube, mais encore à celle de l’air contenu dans cette liqueur. Des expériences de M. Maraldi, rapportées dans l’Hiſtoire de l’Académie pour cette année 1706, confirmèrent le ſentiment de M. Homberg, en prouvant que les grandes différences de hauteur du mercure dans divers tubes, employés tels qu’ils ſortoient des verreries, & qui alloient juſqu’à dix lignes, ne venoient pas de la différente perméabilité des verres à l’air ſubtil ou groſſier, comme le prétendoit M. Amontons. Ces expériences de M. Maraldi prouvèrent que ces différences s’évanouiſſoient preſque entièrement, lorſqu’on avoit ſoin de chaſſer toute humidité. M. de Mairan, en 1731 & 1754, renouvella l’idée de M. Amontons, en citant pluſieurs de ſes baromètres, dans leſquelles les hauteurs étoient différentes, mais cette objection n’eſt d’aucune conſidération, depuis que tous les baromètres faits avec les conditions que nous avons expoſées, ſont abſolument concordans.

Il ne ſera pas hors de propos de faire ici quelques réflexions ſur la ligne de niveau dans le barometre. Il n’eſt pas aiſé de fixer la ligne de niveau. Lorſqu’on prend la ſurface du mercure pour terme du point d’où l’on doit partir, pour meſurer la hauteur du baromètre, il en réſulte pluſieurs inconvéniens. « D’abord, on ne peut comparer cette ſurface avec le commencement de la diviſion, qu’en plaçant l’œil à une certaine diſtance, & par cela même, pour peu que l’œil ſoit hors du plan de cette ſurface, il ſe forme une parallaxe qui peut cauſer une erreur notable, en ſorte que on ne peut que très-difficilement parvenir à quelque exactitude. D’ailleurs, on voit le mercure au travers des parois du vaſe qui ſert de réſervoir, & qui, par ſa figure, occaſionne ordinairement des réflexions & des réfractions ; ſouvent même il eſt ſale intérieurement. Toutes ces cauſes augmentent la difficulté & induiſent en erreur. Ces inconvéniens, qui ſont bien connus, font qu’en général on ne compte l’élévation du mercure, que depuis le point où il abandonne le réſervoir pour former la convexité ordinaire de ſa ſurface. Mais cette méthode eſt ſujette à de plus grandes erreurs que la précédente ; car la convexité du mercure, dont la partie inférieure eſt quelquefois plus baſſe d’une ligne & demie que la ſurface ſupérieure, peut être nulle en certains cas, & même cette ſurface peut devenir concave. Cette variation de forme dépend principalement de celle des vaſes : quand les bords du mercure ſe trouvent dans la portion du réſervoir évaſé qui prend en cet endroit la forme d’un cône renverſé ou d’un verre à boire, la convexité du mercure eſt d’autant plus conſidérable, que les côtés du cône ſont plus inclinés : elle l’eſt moins, quand les côtés du réſervoir ſont parallèles : ſi la ſurface du mercure correſpond à un point, ou le réſervoir prend la forme d’un cône droit, ſa convexité diminue encore ; elle devient nulle même, à une certaine inclinaiſon des côtés : & ſi leur prolongement forme au ſommet du cône, un angle obtus d’un certain nombre de degrés, la ſurface du mercure devient concave ».

Les baromètres à réſervoir ne peuvent donc être d’accord que par une inclinaiſon ſemblable des côtés des réſervoirs, parce que quand l’échelle d’un baromètre prend ſon origine au bas de la convexité, on a le plus ſouvent une certaine quantité de mercure au-deſſus de ce point, qui peſe ſur la colonne, ſans que l’on en tienne compte, & que cet excédent de poids varie autant que la forme des cuvettes ou réſervoirs. Les ſaletés qui s’attachent au mercure ſont encore une ſource d’erreurs, relativement à la ligne de niveau. Voyez les recherches ſur les modifications de l’atmoſphère. Tom. Ier., pag. 204. Voyez encore ce qui a été établi ſur la détermination du niveau dans des baromètres de différentes formes, au paragraphe qui traite de ce ſujet, ſous le titre de la meſure des hauteurs par le baromètre.

M. Eiſenbroeg donne, dans les commentaires de la ſociété de Harlem, une correction dans la manière de conſtruire les baromètres. L’inconvénient le plus ordinaire conſiſte dans la difficulté d’appercevoir combien la variation de la hauteur du mercure dans le tube eſt différente de celle qui a lieu dans le réſervoir ou la boule. Ce phyſicien a voulu obvier à cet inconvénient : ayant obſervé que le mercure verſé ſur un plan horiſontal, eſt coulant à raiſon de ſa peſanteur naturelle, & que malgré cette propriété, il conſervoit la hauteur d’une ligne, il a, d’après cette idée, conſtruit un vaiſſeau quadrangulaire & d’une figure paralélipipède, long de trois pouces & large de deux, ayant une ligne & demie de profondeur, la baſe de ce vaiſſeau étoit plus étroite que la partie ſupérieure, afin de diminuer la quantité de mercure ; il plonge dans ce petit vaiſſeau un tube d’une longueur convenable, afin que le mercure puiſſe y monter & y deſcendre commodément. Ce tube étant plongé à la manière ordinaire, on voit que la hauteur du mercure dans le petit vaiſſeau demeure conſtamment la même, mais que ſa ſurface eſt plus