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les comparant à un baromètre fait en forme de ſiphon, & non par une meſure immédiate qui part du niveau du mercure dans le réſervoir. C’eſt, dit-il, le plus ſûr moyen de rapporter avec exactitude les unes aux autres, des obſervations que l’on a pu comparer, en même temps que la hauteur barométrique exprimée par les baromètres de cette forme, eſt la ſeule vraie, c’eſt-à-dire, la ſeule qui, après la correction pour la chaleur, exprime le poids de l’air par la hauteur d’une colonne de mercure de denſité donnée, avec laquelle il eſt réellement en équilibre

On a imaginé de placer la graduation du baromètre au haut de la petite branche, afin de pouvoir obſerver plus commodément. Voyez la figure 280.

M. le cardinal de Luynes a donné dans les mémoires de l’académie des ſciences, pour l’année 1768, des obſervations ſur le mouvement du mercure dans des baromètres dont les tubes ſont de différens diamètres, & chargés par des méthodes différentes. De ces obſervations, il réſulte que les baromètres chargés, le mercure étant exceſſivement bouillant, ſont ceux où il reſte le moins d’air ; que leurs marches ſont les plus régulières, lors même que le tuyau n’a qu’un diamètre de deux tiers de ligne ou au-deſſous ; que les baromètres chargés à froid avec un entonnoir à longue queue, ſe tiennent beaucoup plus bas que ceux qui ont été chargés le mercure bouillant ; que ceux qui ont été chargés ſans entonnoir, & avec précaution, même avec du mercure froid, ſe maintiennent preſque à la même hauteur que ceux qui l’ont été avec du mercure bouillant : mais que ceux dont les tubes ont été lavés avec de l’eſprit-de-vin, ſont de tous ceux où le mercure ſe tient le plus bas, à moins qu’on ne les charge avec du mercure exceſſivement bouillant, auquel cas ils ſe tiennent auſſi haut que les autres ; que dans les tubes d’un très-grand diamètre, le mercure ſe tient plus bas de quelques lignes que dans les baromètres ordinaires ; que de toutes les méthodes uſitées pour charger les baromètres, la plus mauvaiſe eſt de les charger avec l’entonnoir à longue queue.

M. de Roche-Blave a auſſi obſervé que la condition la plus eſſentielle, pour que deux baromètres, bien faits d’ailleurs, puiſſent être d’accord, eſt d’avoir le même calibre : comme cet objet eſt difficile à remplir, on obvie à tout par un moyen plus aiſé, celui de prendre des tubes ayant un calibre de 4 lignes au moins de diamètre intérieur ; dans ce cas l’attraction du mercure au verre devient preſque nulle, & pour peu que les verres ſoient de même eſpèce, les baromètres ſe trouvent régulièrement d’accord, pourvu qu’ils aient été purgés d’air exactement. Cette manière corrige auſſi très-bien l’inconvénient réel que M. de Luc a remarqué aux baromètres à réſervoir, ſavoir qu’ils ſe tiennent conſtamment plus bas que ceux qui ſont faits d’un seul tube recourbé.

Baromètre à tube recourbé ou en ſiphon. On imagina bientôt pour rendre le baromètre moins diſpendieux, de ſupprimer la cuvette qui exigeoit une grande quantité de mercure ; on eut enſuite l’idée de recourber la partie inférieure du tube de Toricelli, comme on le voit dans la figure 281 : il devint en même-temps plus commode. Ce changement de conſtruction ne put nuire à ſes effets généraux, car l’extrémité du petit tube étant ouverte, l’air de l’atmoſphère comprimoit également le mercure qui y étoit, comme le mercure de la cuvette dans le baromètre de Toricelli : mais on ne comptoit l’élévation de la colonne du mercure, que depuis le niveau de la ſurface inférieure dans la petite branche du tube. En appliquant ce tube, en ſiphon renverſé ſur une monture, & mettant des diviſions en pouces & en lignes à une hauteur convenable, on eut un baromètre.

On abandonna bientôt cette forme, à cauſe que les variations du mercure y étoient moins apparentes. Lorſque le poids de l’atmoſphère diminue, ſa preſſion ſur la ſurface du mercure étant moins grande, le mercure s’abaiſſe dans le grand tube, & s’élève dans le petit ; alors l’abaiſſement du mercure n’eſt qu’à-peu-près la moitié de ce qu’indiquent les autres baromètres, parce que le mercure qui a paſſé de la grande branche dans la petite, augmente d’autant le poids ſur le premier niveau. Pour connoître le changement total du poids de l’atmoſphère, il faut donc déduire de la hauteur du mercure dans la grande branche, ſon élévation dans la petite au-deſſus d’un point fixe ; ce qui exige deux obſervations & une ſouſtraction incommode ; au lieu que dans le baromètre de Toricelli, le mercure qui deſcend du tube, ſe répandant ſur une grande ſurface, n’en augmente pas ſenſiblement la hauteur (Voyez ci-après la deſcription du baromètre portatif de M. de Luc).

Baromètre ſimple de M. Prins. M. Prins, célèbre artiſte hollandois, & émule de M. Fahrenheit, pour les ouvrages de ce genre, a fait des baromètres dans leſquels le niveau du mercure ne change point, quelle que ſoit la variation de la hauteur de la colonne. On a vu plus haut qu’on avoit toujours cherché à réduire toute la variation du baromètre ſimple à l’une de ſes extrémités, & à trouver des moyens de diminuer l’effet que produiſent ſur la hauteur de la colonne de mercure, les changemens de hauteur de ce liquide dans le réſervoir. C’eſt dans ce but qu’on ſe ſervit de grandes cuvettes, & que l’on ſouda enſuite au tube des boules de grand diamètre.

Ce baromètre, repréſenté dans la figure 282, eſt