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dre dans lequel ſe met la chaux eſt fermé par un couvercle ; l’autre extrémité ſe place dans la baſe de la colonne qui eſt creuſe, & contient deux pouces d’eau ; un ſecond cylindre hermétiquement fermé par le haut vient recouvrir le premier & entre auſſi dans la baſe ; par ce moyen, les vapeurs ſortant du premier cylindre, & renfermées par le ſecond, au lieu de ſe répandre dans l’appartement, ſe précipitent au contraire dans la baſe par le vide qui ſe trouve entre eux, de manière à faire bouillonner l’eau qui s’y rencontre ; afin de l’échauffer on met aſſez de chaux vive pour remplir la moitié du cylindre dans un réſeau de fil-de-fer ; on la plonge dans l’eau, & on la place en même temps dans le cylindre ; par ce moyen on évite les vapeurs.

Quant aux uſages de ces boîtes, on a obſervé qu’elles pouvoient être utiles aux personnes qui voyagent dans des voitures, aux dames pour s’en ſervir en place de chauſſettes, aux pauvres qui, au moyen de ces boîtes, ne courront plus le riſque d’être étouffés par la vapeur du charbon, aux riches pour échauffer les plats que l’on met ſur leur table, aux malades pour mettre aux pieds de leurs lits, pour échauffer promptement & entretenir un bain, &c. &c. ; lorſque la matière n’a plus de chaleur, on en ſubſtitue d’autre ſucceſſivement, & la chaux une fois éteinte, peut encore ſervir aux uſages ordinaires. M. Carette dit avoir employé ces ſortes de boîtes dans ſa ſerre, pour préſerver de la gelée les arbriſſeaux rares qu’il cultive. Mais dom Rozet regarde la choſe comme abſolument impoſſible, parce que de quelque manière qu’on les conſtruise, dit-il, elles ne rendent pas plus de chaleur que ſi on les rempliſſoit d’eau bouillante, & ne peuvent échauffer que par le contact immédiat.

Boîte foudroyante. On a imaginé pour détruire les loups, &c., une boîte foudroyante, dont le moteur eſt un rayon du soleil. On connoît le méridien horiſontal, qui, à l’aide d’un rouage caché dans le piédeſtal, ſonne midi toutes les fois que le ciel eſt ſans nuage, & lorſque le ſoleil eſt au méridien, parce que ſon méridien eſt armé d’une loupe, qui, brûlant un crin, permet à la détente d’une ſonnerie d’échapper ; d’après ce principe on a inventé une boîte foudroyante pour détruire les loups & autres animaux carnaciers.

Cette boîte, que l’on ſuſpend perpendiculairement à la tige d’un arbre, renferme un grand piſtolet ; à la gachette du piſtolet répond une eſpèce de détente à laquelle on attache un fil de laiton, & ce fil de laiton ſoutient l’appât, qui tombe préciſément vis-à-vis de l’embouchure du canon ; pour peu que l’animal tire l’appât ſuſpendu au fil de laiton, il ſe brûle lui-même la cervelle. Ce moyen a été pluſieurs fois éprouvé avec ſuccès. C’est à M. Regnier, de Semur, qu’on doit les deux machines dont on vient de parler dans cet article.

BOL


BOLOGNE (Matras de). Voyez Matras de Bologne & Larme batavique.

BOLOGNE (Pierre de). Voyez Pierre de Bologne.

BOM

BOMBE. C’eſt un gros boulet de fer creux, qu’on remplit de poudre & qu’on jette par le moyen du mortier. La bombe produit trois effets ; celui de détruire les édifices par ſon poids, de faire de grands dégâts par ſes éclats, & de mettre le feu aux matières qui peuvent être conſumées ; la bombe qui a un certain poids, & que la force de la poudre a chaſſée très-haut dans l’air, retombe enſuite par la force de la gravité, & ſa chûte étant accélérée, ſelon la loi qu’obſervent les corps graves, produit une percuſſion conſidérable ſur les corps qu’elle frappe ; lorſque la bombe crêve, ſes éclats qui volent au loin & de tous côtés, cauſent des dommages très-grands ; les ravages ſont encore plus grands lorſqu’elle met le feu aux maiſons dont l’incendie peut dans un inſtant ſe communiquer à tout ce qui les environne.

M. Blondel prétend que les premières bombes furent jetées en 1588 au ſiège de Wachtendonck ; d’autres ſoutiennent que ce fut environ un ſiècle avant cette époque, l’an 1495, qu’on en jeta à Naples sous Charles VIII. Mais c’eſt ſeulement au ſiège de La Motte, en 1634, que le premier uſage des bombes a eu lieu en France.

Pour lancer les bombes avec ſuccès, il faut les bien charger & les bien jeter. On la charge en y mettant une quantité ſuffiſante de bonne poudre, en fermant enſuite ſon ouverture avec une forte fusée, bien maſtiquée latéralement ; cette fusée ſert à communiquer le feu à la poudre renfermée dans la bombe. Pour bien jeter une bombe chargée, il faut réduire en pratique les principes de la baliſtique dont nous avons donné une idée au mot Balistique, & qui ſe réduiſent à connoître le réſultat de la combinaiſon de la force projectile de la poudre, & de la gravité de la bombe. Voyez Poudre.

Dans l’article baliſtique nous avons dit que l’amplitude de la parabole que décrit une bombe, eſt d’autant plus grande que la force projectile eſt conſidérable ; & que cette amplitude du jet, à force égale, eſt plus grande lorſque la direction du mortier fait un angle de 45 degrés avec l’horiſon ; les angles également éloignés de 45, comme 40 & 50, 35 & 65, 30 & 60, &c, donnent une portée égale ; ſi la direction du mortier fait une ſuite d’angles avec la ligne horiſontale qui ſoient depuis 1 juſqu’à 45, la portée de la bombe augmentera progreſſivement ; de même la ſérie des angles depuis 45 juſqu’à 90, préſente une ſuite de jets ou

d’amplitudes qui