Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/640

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Rome, & à quatorze ans fut agrégé dans la ſociété des jéſuites. Il fit les progrès les plus rapides dans tous les genres d’application ; mais, ſon génie ſe décida pour les Mathématiques qu’il enſeigna publiquement au collége romain, en 1740, après avoir toutefois donné des leçons de Littérature & de Théologie.

La multiplicité de ſes ouvrages eſt preſque incroyable ; il n’eſt point de parties de Phyſique & de Mathématiques ſur leſquelles il n’ait exercé sa plume. Les taches du ſoleil, le paſſage de mercure ſur le diſque du ſoleil, la conſtruction géométrique de la trigonométrie ſphérique, les aurores boréales, un nouvel uſage du téleſcope pour la détermination des objets célestes, la figure de la terre, les argumens des anciens pour appuyer ſa rotondité, les cercles appelés oſculatoires, le mouvement des corps lancés dans un eſpace non-reſiſtant, la nature & l’uſage des quantités infinies, des infiniment petits, l’inégalité de peſanteur en divers lieux de la terre, les aberrations des étoiles fixes, les bornes de la certitude auxquelles peuvent parvenir les obſervations aſtronomiques, une diſcuſſion sur toute l’aſtronomie, le mouvement d’un corps attiré par certaines forces vers un centre immobile dans des eſpaces non réſiſtant, un problème mécanique ſur le ſolide de la plus grande attraction, l’obſervation des phases dans les éclipſes lunaires, la cycloïde, la logisſique & certaines autres courbes, les forces vives, les comètes, les marées, la lumière, les tourbillons, la démonſtration & l’explication d’un paſſage de Newton ſur les iris, la démonſtration d’une méthode d’Euler touchant le calcul des fractions, la détermination de l’orbite d’une planète au moyen de la catoptrique, étant données certaines conditions du mouvement, le centre de gravité & le centre de grandeur, l’atmoſphère de la lune, la loi de continuité, & tout ce qui s’enſuit pour les élémens de la matière & pour leurs forces ; la loi des forces exiſtant en nature, les lentilles & les téleſcopes dioptriques, les perturbations que ſemblent occaſioner mutuellement Jupiter & Saturne, maximes ſur le temps de leur conjonction ; la diviſibilité de la matière & les principes des corps ; le micromètre objectif, & pluſieurs autres de ce genre, ſont les ſujets d’autant de précieux ouvrages de Boſcovich, qui ont été ou imprimés ſéparément, ou inſérés dans les mémoires, de différentes académies dont il étoit membre, ou publiés dans divers journaux littéraires.

Il trouva de nouvelles expoſitions des ſections coniques, de nouveaux uſages des lignes courbes, de nouvelles méthodes pour obſerver les aſtres, de nouveaux appareils d’inſtrumens aſtronomiques. Ce fut lui qui le premier réſolut le problême de la rotation du ſoleil ; il fit voir quelques erreurs dans leſquelles étoient tombé Antonio de Dominis, Kepler, & Newton même ; il perfectionna la théorie des lunettes d’approche acromatiques, & expliqua le premier quelques phénomènes relatifs à cette partie de l’optique plus difficile & moins connue. Un des ouvrages dont il parloit avec plus de complaiſance, eſt la théorie de la philoſophie naturelle réduite à une loi unique des forces exiſtantes en nature. On fit de cet ouvrage un grand nombre d’éditions, & il reçut dans toute l’Europe le plus grand accueil ; en partant de principes clairs, il parvint, par une chaîne non interrompue de concluſions légitimes, à une loi unique, ſimple, continue des forces exiſtant en nature, laquelle, en l’appliquant où il eſt néceſſaire, admet la conſtitution des élémens de la matière, les lois de la mécanique, les propriétés générales de la matière même, les principales différences des corps. Cette doctrine expoſée, le père Boſcovich en fit les applications les plus étendues & les plus détaillées à diverſes branches des mathématiques mixtes & de la philoſophie. Le centre de gravité, l’égalité de l’action & de la réaction, les réflexions & les réfractions du mouvement, le centre de l’équilibre, le centre d’oſcillation, le centre de percuſſion, la preſſion des fluides, la vélocité d’un fluide qui paſſe par une embouchure, la cohéſion, la viſcoſité, l’élaſticité, la ductilité, les opérations chimiques, la lumière, la ſaveur, l’odeur, le ſon, le toucher, le froid, le chaud, l’électricité, le magnétiſme, & tant d’autres objets mathématiques & phyſiques furent expliqués par ce ſavant, selon les principes de la théorie, d’une manière ſatisfaiſante. Il n’étendit pas ſeulement ſa théorie à la Mécanique, à la Phyſique, à la Chimie, à la doctrine de l’eſpace & du temps, mais il parvint à en faire des applications à la Pſycologie, à la Théologie naturelle, à la création, à la providence, car il étoit auſſi grand métaphyſicien. Cet ouvrage a pour titre Théorie de la philoſophie naturelle réduite à une ſeule loi des forces qui exiſtent dans la nature. Dans la troiſième partie de cet ouvrage, écrivoit-il quelques années avant ſa mort à M. l’abbé Bertholon, j’ai donné l’application de ma théorie aux propriétés générales des corps & à un grand nombre de propriétés particulières ; & en ſuppoſant les lois de l’électricité découvertes par les modernes, j’en donne l’explication, tirée de la combinaiſon de mes points, qui, quoiqu’aſſujettis tous à la même loi des forces, forment des particules douées de propriétés différentes, capables d’expliquer la plus grande partie des propriétés connues des différens corps.

En 1750, ſous le pontificat de Benoît XIV, il reçut des cadres pour la meſure des degrés de la terre en Italie ; il s’en occupa avec le P. Maire, & le réſultat de ce grand travail forma un volume in-4o, qui fut traduit en françois en 1770, & qui va de pair avec les grands ouvrages de Bouguer, de Clairaut, de Maupertuis, de La Con-