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rité. M. Monnet, dans son Voyage minéralogique d’Auvergne, dit que ſon frère ayant voulu opérer géométriquement pour lever la carte des environs de Vic-le-Comte, l’aiguille de ſa bouſſole s’étoit tellement fixée en ſens contraire à la direction qu’elle devoit prendre, qu’il fut obligé de renoncer à faire cette opération ſur cette montagne : tant ces laves ſont martiales.

La proximité de deux bouſſoles nuit également ſur leur vraie direction. M. d’Après ayant communiqué, il y a pluſieurs années, à l’académie de Marine, quelques obſervations qu’il avoit faites, par leſquelles il s’étoit apperçu que lorſqu’on approchoit deux bouſſoles l’une de l’autre, elles ne conſervoient plus la même direction reſpective qu’elles affectoient à une plus grande diſtance. M. d’Après propoſa de ne plus ſe ſervir déſormais que d’une ſeule bouſſole dans les habitacles des vaiſſeaux. L’académie trouva bientôt la cauſe de ces différences, qui étoit l’effet de la différente force du magnétiſme dans les aiguilles. On compara deux bouſſoles très-inégales, & en les rapprochant à un pied de diſtance, il arriva que l’une déclinoit de 30 degrés, pendant que l’autre déclinoit ſeulement de 21 degrés ; ceci fournit un moyen facile de comparer la force des aiguilles aimantées ; la plus forte réſiſte le plus à leur action réciproque, & ſe maintient le plus près de la direction qu’elle affectoit lorſqu’elle étoit iſolée. Ainſi, l’uſage aſſez généralement ſuivi de placer deux bouſſoles dans les habitacles des vaiſſeaux, a, comme on voit, des inconvéniens conſidérables, & les erreurs dont cette mauvaiſe diſpoſition eſt la ſource peuvent avoir les ſuites les plus fâcheuſes, à moins qu’on ne mette entre elles une diſtance plus grande que leur ſphère d’activité, ainſi qu’on le verra au mot Aiguille aimantée.

Le P. Kirker donne dans ſon ouvrage ſur l’aimant, la deſcription d’une bouſſole propre à indiquer en même temps la déclinaiſon & l’inclinaiſon de l’aimant. Dans un globe de criſtal ſur lequel on avoit tracé un cercle horiſontal, diviſé en 360 degrés, & un méridien diviſé de la même manière, il ſuſpendoit un petit cercle de cuivre ou d’argent, dont le diamètre horiſontal ſupportoit une aiguille aimantée, un peu moins longue que le diamètre du globe, & qui avoit la facilité de ſe mouvoir librement de haut en bas ; ſous ce cercle étoit attaché un cordon de ſoie, au bout duquel étoit un petit poids qui touchoit preſque le fond du globe, quand le couvercle auquel étoit ſuſpendu ce petit cercle fermoit l’ouverture de cette ſphère ; le fil qui ſuſpendoit le petit cercle vertical contenant l’aiguille, servoit d’axe à l’horiſon, & se trouvoit dans la même ligne que celui qui ſoutenoit le poids ; les centres du petit cercle & du globe coïncidoient, & le globe étoit orienté, de ſorte que ſon méridien répondoit à une méridienne horiſontale ; cette ſuſpenſion permettant à l’aiguille de décliner & de s’incliner, on avoit en même temps par cette machine ſimple & ingénieuſe la déclinaiſon & l’inclinaiſon de l’aimant. Voyez Aiguille aimantée.

M. Bernoulli a donné la deſcription de bonnes bouſſoles d’inclinaiſon, comme on le voit dans les Acta Helvetica, tom. III. M. Euler les a auſſi décrites dans les Nov. Comment. Acad. Petro-Polit., tom. XIV, part. II. M. Nairne a décrit une pareille bouſſole d’inclinaiſon, dans les Tranſactions philoſophiques, année 1776. M. Brugmann en a imaginé une que l’on trouve dans ſes Tentamina de magnete. Ce même ſavant en décrit encore une inventée par un bourgeois de Lewardin en Friſe, & qui eſt plus ſimple, plus commode, moins coûteuſe & auſſi ſûre que les autres. On voit encore dans les Mémoires de l’académie de Suède, les recherches de M. Vilke, ſur les aiguilles d’inclinaiſon.

On trouve dans le LXIXe volume des Tranſactions philoſophiques pour l’année 1779, partie II, page 537, & dans le tome II des Nouvelles Expériences & Obſervations ſur divers objets de Phyſique, page 447, un mémoire de M. J. Inghen-Houz ſur quelques nouvelles manières de ſuſpendre les aiguilles de bouſſoles. Le but des recherches de ce ſavant étoit d’empêcher, ſur-tout dans les bouſſoles marines, la trop grande verſatilité, en laiſſant cependant aſſez de liberté à une aiguille, pourvu qu’elle ait la plus grande force poſſible, pour ſe diriger dans le méridien magnétique. Voici quelques-uns des procédés mis en œuvre.

Une aiguille aimantée, très-mobile, & néanmoins très-forte, fut placée dans un vaſe qu’on remplit enſuite d’eau, de ſorte que l’aiguille en fut couverte. Elle perdit alors dans un milieu auſſi denſe une très-grande partie de ſa mobilité. Toutefois elle ſe fixa, comme auparavant, dans le même méridien, & elle obéiſſoit auſſi à l’influence d’un aimant préſenté à une diſtance conſidérable, & enſuite retournoit de nouveau lentement au point où elle s’étoit fixée auparavant, dès qu’elle ſe trouvoit hors de la ſphère d’action de l’aimant.

Dans une ſeconde expérience il attacha à une aiguille fortement aimanté & plate, autant de liége qu’il en falloit pour tenir cette aiguille ſuſpendue à la ſurface de l’eau d’un baſſin de porcelaine. Le milieu de cette aiguille étant percé d’un trou, on y paſſa une épingle de cuivre qui fut fixée dans une poſition verticale au milieu du fond du baſſin, pour empêcher l’aiguille de s’écarter du centre du baſſin. L’aiguille chercha lentement le méridien magnétique, & parut s’y fixer aſſez exactement.