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plus ou moins échauffé, ou plus ou moins preſſé. Elles ſont rondes, parce que l’air renfermé agit également au-dedans d’elles en tout ſens. La tunique qui les couvre eſt formée des plus petites particules du fluide ; & comme ces particules ſont très-minces, & ne font que très-peu de réſiſtance, la bouteille crève bientôt, pour peu que l’air ſe dilate. Le mécaniſme de ces petites bouteilles eſt le même que le mécaniſme de celles que les enfans forment avec du ſavon, en ſoufflant au bout d’un chalumeau.

Lorſqu’on a mis une liqueur ſous le récipient de la machine pneumatique, & qu’on commence à pomper l’air, il s’élève, à la ſurface de la liqueur, des bouteilles ou bulles ſemblables à celles qui ſont produites par la pluie. Ces bouteilles ſont formées par l’air qui eſt renfermé dans la liqueur, & qui ſe trouvant moins comprimé lorſqu’on a commencé à pomper l’air du récipient, ſe dégage d’entre les particules du fluide, & monte à la ſurface.

Il en arrive autant à un fluide qui bout avec violence, parce que l’air qui y eſt contenu ſe trouvant raréfié par la chaleur, cherche à s’étendre & à ſe mettre au large, & s’échappe avec promptitude vers la ſurface du fluide où il ſe forme des bouteilles. Voyez Bouillir.

BOUTEILLE DE LEYDE. La bouteille de Leyde eſt un vaſe de verre mince, d’une forme quelconque, qui eſt garnie d’une ſubſtance électriſable par communication, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, juſqu’à deux pouces près de ſon orifice, & à laquelle on joint une tige terminée par un crochet I K qui traverſe un bouchon, comme on le voit dans la figure 17. La matière électriſable par communication a été appliquée de M en L ; la bouteille en eſt dégarnie de M en K. On y ajoute quelquefois pour la commodité une ceinture de cuivre L L, à laquelle on joint une chaîne N.

Cette bouteille, ainsi préparé, ſert à faire l’Expérience de Leyde (voyez ce mot), d’où lui eſt venu le nom de bouteille de Leyde. Cette expérience ne fût connue qu’en 1746 ; & comme on ignoroit le nom de l’inventeur, on lui donna celui de la ville de Leyde où elle avoit été faite. Les uns penſent que c’est Muſſchenbroeck qui la fit le premier, d’autres croient que c’eſt M. Cuneus, diſciple de Muſſchenbroeck.

Dans ſon origine cette bouteille n’étoit qu’un ſimple vaſe de verre, à moitié plein d’eau, extérieurement tenu par une main. Tandis qu’une chaîne ſuſpendue au conducteur électrique, touchoit l’eau, on approcha la main libre de la chaîne, & on reſſentit une puiſſante ſecouſſe à laquelle on a donné le nom de commotion électrique, d’expérience de Leyde.

La bouteille de Leyde eſt ordinairement de verre, mais elle peut être faite de toute matière non-conductrice, de toute ſubſtance idio-électrique ou électrique par nature, c’eſt-à-dire, de toute ſubſtance qui puiſſe être électriſée par frottement ; ainſi la porcelaine, la faïence, le talc, le mica, la cire d’Eſpagne, les bitumes, &c. &c., peuvent être employés comme bouteilles de Leyde ; mais il faut que les vaſes qui en ſeroient faits, aient très-peu d’épaiſſeur, autrement ils ne ſe chargeroient preſque pas du fluide électrique, & ne donneroient qu’une commotion très-foible.

Ces vaſes, quels qu’ils ſoient, doivent entrer néceſſairement armés ſur leurs deux ſurfaces, l’intérieure & l’extérieure, d’une matière conductrice. L’eau & la main, dans la première expérience qui a été faite, étoient les ſubſtances conductrices qui conſtituoient l’armure. On leur ſubſtitue avec un égal ſuccès de la limaille de fer ou d’autres métaux, mais plus communément on cole des feuilles d’étain laminé au-dehors & au-dedans, lorſque l’orifice du vaſe permet d’y introduire la main. Si l’ouverture eſt trop étroite, on y met des rognures de feuilles d’étain, des feuilles d’or, de l’aventurine, de la limaille, &c., on peut encore les étamer intérieurement comme les boules de verre, &c., ou mettre dans l’intérieur un peu de vernis gras pour faire adhérer de la limaille, ou de l’aventurine dans la ſurface interne de la bouteille. Voilà les principales manières dont on peut armer intérieurement des bouteilles de Leyde.

Lorſqu’on a fermé l’orifice de ces bouteilles ainſi arrangées, avec un bouchon de liége percé pour recevoir la tige I K, la bouteille peut ſervir en tout temps. Cet avantage ne ſe trouve pas dans les bouteilles de Leyde, pleine en partie d’eau, parce que l’eau par ſon mouvement dans le transport, ou par l’évaporation, mouillant la ſuperficie interne de la portion ſupérieure, nuit au ſuccès de l’expérience, en établiſſant une communication plus ou moins grande entre les deux ſurfaces, tandis qu’il ne doit point y en avoir, une ſurface devant être chargée poſitivement, & l’autre négativement.

La bouteille de Leyde ne diffère pas eſſentiellement d’un carreau électrique ou tableau magique, puiſque le carreau eſt une bouteille applatie, & qu’on a toujours une ſubſtance non conductrice revêtue en grande partie d’une matière conductrice ſur ces deux faces.

Pour charger la bouteille de Leyde, on approche ſon crochet du conducteur d’une machine électrique