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plus denſe, ayant plus de matière ſous un égal volume ; les particules de vapeurs ſe réuniſſent conſéquemment, augmentent auſſi de maſſe & doivent tomber dans la partie inférieure de l’atmoſphère, & flotter près de la ſurface de la terre.

Si ce changement de température avoit eu lieu dans une haute région de l’atmoſphère, les vapeurs, en deſcendant ſucceſſivement dans les couches inférieures, auroient tellement augmenté de maſſe, qu’elles ſeroient tombées en pluie, parce qu’elles auroient alors formé de grosses gouttes d’eau, mais l’alternative de chaud & de froid n’exiſtant que dans les couches aſſez proches de la ſuperficie de la terre, les vapeurs qui ſont devenues plus peſantes par l’acceſſion de nouvelles molécules, ſont deſcendues dans la couche inférieure de l’atmoſphère, voiſine de la ſurface du globe, où trouvant un air plus peſant que celui qu’elles ont abandonné, elles flottent en équilibre ſous la forme de brouillard.

Les vents peuvent produire un effet analogue en condenſant l’air. Pluſieurs vents ſoufflant de divers points de l’horizon, augmenteront la maſſe de l’air dans un endroit déterminé, celui où leurs directions paroiſſent conſpirantes ; alors les vapeurs accumulées devenant plus peſantes, deſcendent ſucceſſivement juſqu’à la couche d’air inférieure où elles ſe trouvent en équilibre ; un ſeul vent qui ſoufflera contre une montagne, produira le même effet ; il en ſera de même ſi ſa direction le porte obliquement contre la terre, puiſqu’il en réſultera toujours une accumulation de vapeurs qui en deviendront plus peſantes ; ſi les vents ont paſſé ſur des lieux humides, l’effet en ſera bien plutôt produit.

On obſervera que dans ces différentes circonſtances, ſi les vapeurs avoient été réunies à une hauteur plus grande dans l’atmoſphère, leur augmentation auroit pu être telle qu’il en ſeroit résulté une petite pluie ou une bruine, effet qui auroit encore lieu, ſi à la même hauteur d’où tombent les brouillards, la cauſe qui en produit la deſcente avoit plus de force ou de continuité.

La raréfaction de l’air, par quelque cauſe qu’elle arrive, peut auſſi occaſionner des brouillards ; car l’air, en ſe dilatant, abandonne les vapeurs dont il étoit chargé ; & celles-ci, en retombant dans une couche d’air inférieure, & conſéquemment plus peſante, s’uniſſent avec d’autres molécules & deviennent plus ſenſibles. Sous le récipient de la machine pneumatique, on voit, lorſqu’on raréfie l’air, les vapeurs que l’air abandonne flotter en forme d’un léger brouillard. Ainſi la condenſation, la raréfaction de l’air & les vents ſont des cauſes de brouillards.

Nous ne parlerons point ici des brouillards dans l’état de congélation. Lorſqu’il gèle, les brouillards mouillent, comme dans les autres temps, tous les corps qu’ils rencontrent ; & ceux-ci ayant conſéquemment le degré de froid néceſſaire pour geler l’eau qui eſt en contact avec eux, transforment en petits glaçons les vapeurs aqueuſes des brouillards. Voyez Givre.

C’eſt à deſſein que nous n’avons pas parlé ici du fluide électrique comme cauſe de l’élévation des molécules aqueuſes qui forment les brouillards aſcendans, &c., parce que cet objet a déjà été traité à l’article de élévation des vapeurs. Voyez Vapeurs. On y a vu que le fluide électrique qui s’élève quelquefois de la terre dans l’atmoſphère, lorſque la terre eſt électriſée poſitivement & l’atmofphère négativement, y entraîne avec lui les molécules aqueuſes qui étoient dans le ſein de notre globe ou près de ſa ſurface ; comme dans des circonſtances oppoſées, lorſque l’atmoſphère eſt électriſée poſitivement, les vapeurs ſont portées vers la ſurface de la terre. Voyez auſſi mon Électricité des météores, tom. II, pag. 87 & ſuivantes.

Les brouillards étant compoſés principalement de vapeurs flottantes dans l’air, ſont conſéquemment très-ſuſceptibles de recevoir l’électricité, de s’en charger, de la tranſmettre aux corps qui y ſont expoſés, & de donner des ſignes électriques. Je ne répéterai point ici les expériences qui conſtatent ces vérités, & qui ſe trouvent dans mon ouvrage de l’électricité des végétaux, page 49. Des portions de brouillards renfermées dans des jarres électriques, ont très-bien tranſmis la commotion électrique, &c. Mon objet eſt ici de prouver que les brouillards jouiſſent ſouvent d’une électricité naturelle.

Le premier qui s’eſt occupé principalement de cet objet eſt M. Thomas Ronayne. Ce phyſicien a fait des expériences ſur cette matière en Irlande & en Angleterre, depuis 1761 juſques en 1770, & elles ont été enſuite communiquées à la ſociété royale de Londres. Les appareils dont il s’eſt ſervi ſont bien ſimples. Ayant éprouvé la bonté de l’électromètre de M. Canton, pour s’aſſurer de l’électricité atmoſphérique, il employa, afin d’obſerver avec plus de préciſion, un morceau de liège, ſuſpendu à un fil de médiocre groſſeur, de ſix ou ſept pouces de longueur, & placé de manière que le vent n’en pût changer la direction. Il imagina encore un autre moyen, celui de fixer une pièce de bois menue, en forme de cône, à un des bouts de l’électromètre, le plus petit, par le moyen d’un crochet diſpoſé à cet effet. Cet appareil étoit placé au-dehors d’une fenêtre de la partie ſupérieure de ſa maiſon, & attaché par une eſpèce d’agrafe à un jambage de la fenêtre par l’autre bout. Une autre pièce de bois ſervoit à fixer un tube de