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AIM

attirables par l’aimant, elles deviennent fortement attirables par l’aimant.

On verra, à l’article Magnétisme, que le feu ordinaire & la foudre même, ſont capables d’aimanter des briques, en revivifiant le fer qui y eſt contenu, ainſi que le prouvent les expériences & les obſervations de Boyle & du père Beccaria.

L’aimant attire le fer & l’aimant ; & il n’exerce ſon activité que ſur ces deux ſubſtances : aucun autre corps de la nature n’eſt ſuſceptible d’être attiré par lui. Rien, dans les règnes animal, végétal ou minéral, ne peut être doué de la vertu magnétique, ni en être l’objet. On peut eſſayer l’or, la platine, l’argent, le cuivre, l’étain, le plomb, le mercure, le zinc, le biſmuth, l’antimoine, le cobalt, &c. ; en un mot tous les métaux & demi-métaux ; & jamais ils ne ſeront attirés par l’aimant, s’ils ſont bien purs. Il en ſera de même des pierres, objets de la lithologie, de toutes les eſpèces de terres, des ſubſtances ſalines, &c. Tous les végétaux, toutes les parties des animaux ſoumis à l’épreuve, ne donnent aucun ſigne d’attraction magnétique : on peut répéter facilement ces expériences, & on en ſera convaincu. Ainſi l’aimant n’attire que le fer & l’aimant.

Si on obſerve quelquefois que d’autres ſubſtances que les deux qu’on vient de nommer, ſont attirées par l’aimant, c’eſt qu’elles contiennent du fer parfait ou imparfait, qui eſt aſſez généralement répandu dans la nature. Quelquefois le fer eſt ſi enveloppé, & en ſi petite quantité, dans les corps qui le contiennent, qu’il échappe à l’action de l’aimant ; mais on le rend propre à ſe prêter à cette action, en l’uniſſant avec des ſubſtances graſſes, ainſi que nous l’avons dit plus haut. Traité de cette manière, il ſe convertit en véritable fer, ainſi que je l’ai prouvé, de même que pluſieurs autres phyſiciens, entr’autres, Muſſchenbroeck. Voici les ſubſtances que ce ſavant a reconnues pour avoir cette qualité. Le ſable rouge, le ſable jaune, le ſable brun, le grenat, la porcelaine rouge, les bols, la pierre hématite, la pierre calaminaire, le ſimilor, la terre rouge, la terre noire dont les potiers font uſage, l’ocre, la terre d’ombre, le fard rouge des Indes, celui d’Angleterre, le colcotar du vitriol, la terre à foulon, le tripoli, le cobalt, l’orpiment, la mine de plomb, la limaille de zinc non-brûlée, la platine, toute terre, toute argile qui rougit dans le creuſet, pluſieurs laves du Véſuve ; le réſidu de la diſtillation du ſoufre, tiré des parties minérales des pyrites ; des pyrites elles-mêmes, pluſieurs parties de la ſuie des fourneaux, les cendres des gazons de Hollande, les cendres rouges du ſuccin brûlé, le bleu de Pruſſe calciné, &c.

Il ne doit pas être ſurprenant que les bols, les ocres, les argiles & terres colorées, étant revivifiées par le moyen du feu, & d’une matière graſſe, ſoient attirées enſuite par l’aimant, puiſque ces terres ſont une chaux de fer, qui, par cette opération, a été réduite & convertie en fer parfait. Il ne le ſera pas non plus que pluſieurs eſpèces d’hématites ſoient attirées dans leur état naturel, ou après leur revivification ; car ces ſubſtances minérales ſont claſſées, par les naturaliſtes & les chimiſtes, dans les mines de fer.

Si donc on voit quelquefois des morceaux de mine de plomb, de cobalt, &c., des pyrites cuivreuſes, & d’autres ſubſtances réellement différentes du fer, être attirées par l’aimant, c’eſt qu’elles contiennent du fer, & que les parties hétérogènes des autres ſubſtances ſont attirées par l’intermède du fer qui leur eſt adhérent. Ceux qui diſent que la platine eſt attirée par l’aimant, ſe trompent ; car ce métal, tel qu’on l’envoie en Europe, eſt toujours mêlé avec du fer, dont on ſépare aiſément une partie, par le moyen d’un aimant ; &, lorſque la ſéparation a été faite de cette manière, la matière non attirable qui reſte, eſt une platine moins hétérogène : elle contient encore néanmoins du fer, & c’eſt même à cet alliage qu’on doit attribuer la difficulté de la fondre ; mais la platine pure n’eſt point attirable par l’aimant.

Pluſieurs phyſiciens ayant penſé que le cuivre, ſur-tout quelques-unes de ſes eſpèces ou variétés, pouvoit être doué de magnétiſme, & attirer le fer (ainſi que MM. Dulac, d’Angos & autres l’ont éprouvé, comme on l’a vu au mot Aiguille aimantée, aiguille de direction), il eſt à propos de faire connoître ici les preuves qui détruiſent l’opinion qu’on avoit tentée d’établir.

M. Lehmann, dans les mémoires de l’académie de Pétersbourg, a fait des recherches ſur l’origine de cette prétendue propriété, & ſur ſes différens degrés apparens. Il s’aperçut d’abord que la cauſe de ce phénomène ne devoit pas être dans la compoſition du cuivre pur, mais qu’elle exiſtoit plutôt dans le zinc avec lequel on forme le laiton, & quelques autres mélanges cuivreux. Il fournit enſuite les diverſes eſpèces de zinc, les pierres calaminaires, les cadmies, les pſeudo-galènes, à l’examen chimique. Le réſultat de ces eſſais fut que quelques-unes de ces ſubſtances minérales ſont d’une nature martiale, tandis que d’autres ne contiennent aucunes particules de fer ; que les pierres calaminaires ſont d’autant plus martiales, qu’on les a fait plus long-temps rougir par la calcination ; que ces mêmes calamines, à meſure qu’on les calcine plus long-temps & plus fortement, avec ou ſans matière graſſe, &c., acquièrent un magnétiſme d’autant plus grand ; de plus, que les mines & cadmies de zinc ſont, pour la plupart, dénuées de fer, ou n’en contiennent que fort peu, quelquefois point du tout, & ne montrent qu’un très-foible magnétiſme ; enfin, que cette force magnétique des mines de zinc périt, lorſqu’on pouſſe la calcination juſqu’à la vitrification.

À ce premier travail, en ſuccéda un autre qui fut de mêler ces matières avec du cuivre, pour