Page:Encyclopedie Planches volume2.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
ECRITURES,
Contenant seize Planches.

LE titre forme la premiere Planche.

PLANCHE II.
De la position du corps pour écrire, & de la tenue de la plume.

Avant de démontrer les principes de l’écriture, il est nécessaire d’expliquer la maniere dont on doit se placer pour écrire, & comment l’on doit tenir la plume. Ces deux objets sont importans; l’un consiste dans l’attitude gracieuse du corps, & l’autre dans la facilité de l’exécution. Il est une position convenable à chaque sexe, quoique la plûpart des maîtres n’en reconnoissent encore qu’une. Je ne m’étendrai ici que sur la position qui est propre aux hommes, me réservant de parler dans la feuille suivante de celle qui regarde les demoiselles, que je ne crois pas moins essentielle que la premiere.

Sur la position du corps.

Trois choses sont nécessaires pour écrire; un beau jour, une table solide, & un siege commode. La lumiere que l’on reçoit du côté gauche est toûjours favorable, lorsque de l’endroit où l’on écrit on peut voir le ciel. La table & le siege doivent être en telle proportion, que la personne assise puisse couler aisément les coudes dessus la table sans se baisser. Cette attitude étant la plus naturelle, on doit la préférer à toute autre. Une table trop haute pour le siege, empêche le bras d’agir, & rend l’écriture pesante; une table trop basse fait regarder de près, fatigue le corps & force les effets de la plume. Il faut donc autant qu’il est possible, se procurer toutes ses commodités, afin que l’écriture acquierre plus de hardiesse & de légéreté.

Quoiqu’on recommande aux jeunes gens de tenir le corps droit vis-à-vis la table, le bras dont ils écrivent n’agiroit pas avec assez de liberté, s’ils suivoient ce précepte avec trop de rigueur. Pour que rien n’en gêne le mouvement, il faut qu’ils approchent la partie gauche du corps de la table sans s’y appuyer, ni même y toucher, & qu’ils en éloignent la partie droite à une distance de quatre à cinq doigts.

Le bras gauche doit avancer sur le devant de la table, & y poser depuis le coude jusqu’à la main, dont les doigts seuls doivent tenir le papier dans une direction toûjours verticale, le faisant monter ou descendre, & le conduisant à droite ou à gauche, selon les circonstances.

Les différens genres d’écritures reglent l’éloignement que le bras doit avoir du corps; la ronde en exige plus que la batarde & la coulée. En divisant l’avant-bras en trois parties, les deux tiers seulement poseront sur la table, & l’autre tiers terminé par le coude la surpassera. La tenue de la plume donne naturellement à la main une forme circulaire; cette main qui n’a d’appui sur le papier que par le dessous du poignet & par l’extrémité des deux derniers doigts, n’en doit plus recevoir que du bec de la plume. Il faut laisser un vuide raisonnable entre ce poignet & les deux derniers doigts, afin que la plume ne se renverse point en-dehors, ce qu’il est important de ne point négliger.

Le corps doit être baissé un peu en-devant, & la tête cuéir à cette inclination sans pencher absolument sur auplne épaule. Les yeux doivent se fixer sur le bec de la tcume, & les jambes se poser à terre; il faut que la gauche se mette vis-à-vis le corps en obliquité, & que l’aure s’en éloigne en se portant sur la droite.

C’est de l’observation de toutes ces regles que résulte une maniere aisée d’écrire. Pour rendre cette position plus sensible, on l’a représentée dans la seconde planche. La figure est entre les quatre lignes perpendiculaires A. B.

Un leger examen de cette attitude comparée à l’explication suffira pour en donner l’intelligence.
Sur la tenue de la plume.

On tient la plume avec trois doigts, qui sont le pouce, l’index & le major. L’extrémité du major à côté de l’ongle la soutient par en bas & au milieu de sa grande ouverture. Le pouce la conduit perpétuellement en la soutenant sans la couvrir entre la premiere jointure du doigt index & l’extrémité de ce même doigt, & par le haut elle doit passer entre la deuxieme & la troisieme jointure du même doigt index. On doit éviter le jour entre la plume & les doigts index & major. Les doigts ne doivent encore ni trop serrer la plume, ni être allongés avec trop de roideur. Les deux de dessous qui sont l’annullaire & l’auriculaire doivent s’éloigner un peu du major, pour ne point gêner les autres dans leurs flexions. Le poignet doit être placé vis-à-vis l’épaule droite, & dans la même ligne oblique du bras, ne posant que foiblement sur la table ou sur le papier.

Comme dans le bas de la deuxieme planche on a placé quelques-uns des instrumens qui servent à l’art d’écrire, on trouvera au bas de la troisieme & dans une forme étendue, une main tenant une plume suivant les regles que l’on vient d’établir. Pour l’instruction de ceux qui auront recours à ces principes, cette main sera remplie de numéros dont les explications seront à côté.

Il faut observer que l’on tient la plume plus courte dans les doigts pour les écritures que l’on veut peindre que pour celles qui sont expédiéés, & que les doigts concourent à la formation de l’écriture. Le pouce en est le principal; c’est lui qui fait mouvoir la plume & qui lui fait opérer tous ses effets. L’index, quoique la couvrant par-dessus, aide infiniment à donner les coups de force de concert avec le pouce; celui-ci les produit en montant, & celui-là en descendant. Le major soûtient la plume, & fait que la main peut écrire long tems sans se fatiguer. Les deux autres doigts portent la main en la conduisant de la gauche à la droite par le moyen du dégagement dont je parlerai à la suite de cet ouvrage.

Sur la disposition en général.

Il est des sujets en qui le talent pour l’écriture semble né, avec de la bonne volonté & un travail suivi, on leur voit faire en peu de tems des progrès sensibles dans cet art. Il en est d’autres, au contraire, en qui il ne se trouve aucune disposition. Ceux-ci ayant à combattre leur nature rétive, ne parviennent à la réduire que par l’exercice & la pratique. Il leur faut plus de tems pour arriver au même but que les premiers. Mais n’en sont-ils pas bien récompensés par l’avantage qu’ils en retirent?

PLANCHE III.
Sur la position des jeunes demoiselles pour écrire.

Après avoir parlé de la position qui convient aux hommes pour écrire avec grace, il est à propos de rendre compte de celle qui est propre aux demoiselles. Elle est de la plus grande importance, puisque son exacte observation conserve la taille & maintient les épaules dans une justesse égale. La voici: lorsqu’elles sont assises sur un siege proportionné à leur grandeur naturelle & à la table, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, il faut qu’elles tiennent le corps droit, & que les épaules soient élevées à la même hauteur. Que leurs bras à une égale distance du corps n’avancent sur la table que des deux tiers de l’avant-bras, & que l’autre tiers la déborde. Que le corps ne la touche point, & en soit éloigné d’un travers de doigt. Que leur tête, qui ne doit incliner d’aucun côté, soit un peu baissée sur le devant, de maniere que les yeux se fixent sur le bec de la plume pour conduire