Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/66

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l’Angleterre veut la paix, la Russie veut la paix, etc. Mais la Censure a supprimé : la France veut la paix.

— Quel mystère ! On n’admet pas qu’un pays impose aussi bien ses ambitions en affamant qu’en étripant ! On ne veut envisager qu’une victoire classique, à la pointe de l’épée. La victoire par le blocus n’existe pas, n’excite pas. Seul compte donc l’exploit du sang ? On dit aussi : il faut montrer aux Allemands que leur militarisme est vaincu. Mais, triples sots, c’est tout le militarisme qui a fait faillite ! Ah ! Pouvoir le démontrer, enfin…

— Le 28. Fin du Comité secret sur la Grèce. Triomphe de Briand, majorité légèrement accrue.

— Le 20. Le froid cruel, la descente implacable du thermomètre chaque soir, font sentir l’ignoble comique de la guerre. On est frappé par des fléaux naturels, on aurait de la peine à se défendre contre eux et, dans le même temps, on ajoute des fléaux artificiels qui aggravent les premiers, les rendent plus cruels, plus actifs, et rallongent la liste des morts… Et tout cela, quand il serait si simple de supprimer instantanément le fléau humain.

— Séverine raconte qu’elle fut amenée à parler à la Mairie Drouot, à une réunion d’œuvre charitable, devant 300 femmes. Elle fit appel à la pitié, à la paix. Aussitôt, neuf femmes sur dix la huèrent, yeux électriques, griffes en arrêt ; il ne fallait pas avoir fait tant de sacrifices pour rien.