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FÉVRIER 1917


— Le froid long et dur, l’absence de charbon, contraignent nombre de gens à se chauffer au bois dans les campagnes. Ainsi, on déboise en même temps qu’on dépeuple. C’est l’irréparable pour la terre et pour la race.

— Le 2. La crise du froid dure depuis quinze jours. Dans les journaux, pas un mot sur l’effroyable misère des tranchées, par 20° de froid. Le plus vaniteux et le plus facile parti pris ignore ces souffrances. Commode ! On cache si bien ces martyres à l’ennemi qu’on se les cache à soi-même.

— Le 5. Dîner avec Painlevé. Il reconnaît qu’en ce moment c’est Ribot que Poincaré souhaite comme Président du Conseil.

Il critique âprement ce qu’il appelle « la politique des bras croisés ».

— On parle beaucoup de la rupture diplomatique entre les États-Unis et l’Allemagne, qui date du 4. Gros émoi. Avis partagés. Pour les uns, raccourcissement, pour les autres allongement de la guerre. (Cette rupture est due à la déclaration de guerre sous-marine à outrance de l’Allemagne.)

On s’émeut sur le ravitaillement des populations envahies, qu’assurait l’Amérique. Mais G…, lieutenant belge, me dit que la question est réglée depuis un an et que ce ravitaillement se fera sous pavillon espagnol.