Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/81

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L’air est plein de ronflements de moteurs. On croirait entendre des batteuses dans les campagnes. On voit briller les phares d’une demi-douzaine d’avions. À part cela, le silence où sonnent les pas des premiers travailleurs. Peu à peu, l’aube. Les vraies étoiles s’éteignent. Il ne reste au ciel clair-obscur que les lumières dorées des avions… À neuf heures on m’apprend qu’un zeppelin a été abattu à Compiègne.

— Le 18. Événements. Au matin, démission du Cabinet Briand. La Censure laisse imprimer que cette démission est due au refus de Painlevé de collaborer avec le Cabinet.

Puis, la réoccupation de Bapaume, Roye, Lassigny. Presse enthousiaste : « L’avance n’est plus consentie par l’ennemi… C’est une victoire, une vraie victoire. »

— Russie. Dans la note d’abdication du tsar, dans celle du grand-duc Michel, celle du gouvernement nouveau, la guerre est au second plan. Certains se demandent ce que feront les éléments extrêmes, libérés par la Révolution : travaillistes, étudiants pacifistes, etc.

— Le 18. Conversation de deux heures avec Anatole France. Il ne voit nulle part aucun indice de paix prochaine.

— Le 19. Réoccupation de Noyon (célèbre par le leit-motiv de Clemenceau : « Et les Allemands sont à Noyon »), de Péronne, Nesles, Chaulnes. « Le canon a vaincu, dit Ch. Humbert. Le front est brisé. Sus aux pessimistes, qui ne voulaient plus de sacrifices. »

— Lamentable vision des serres du Jardin d’Acclimatation. Toutes les plantes exotiques, entretenues à grands frais, ont péri faute de charbon. Ce n’est rien, mais quel symbole !