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LES AMOUREUX DE CATHERINE.

Cela devait arriver tôt ou tard… Ah ! l’amour… l’amour !… » (Page 100.)


madame. Il y en a des bruns, des blonds, des châtains, il y en a des roux, des gris et même de tout blancs qui valent bien leur prix ; mais c’est rare. Moi, je ne suis pas pour les gris et les blancs ; par exemple, comme le père Rebstock, tout bien conservé qu’il ait l’air d’être. Et puis, voyez-vous, la vieillesse rend avare ; c’est triste, ça tousse, ça reste dans un fauteuil, ça n’est jamais de bonne humeur, ou si rarement que c’est encore une chance tous les trente-deux du mois. Outre ça, madame, les gris et les blancs sont jaloux comme des ânes rouges ; ça voit tout, ça se défie de tout, ça mâche du jus de réglisse. Non, pour l’amitié que je vous porte, croyez-moi, défiez-vous des gris et des blancs.

— Et les roux ? demanda Catherine.

— Les roux, c’est autre chose, ça possède des qualités, les roux, oui, mais gare au bâton. Ainsi, par exemple, le meunier Matter, je suppose ; eh bien ! je suis sûre qu’il ne plaisanterait pas souvent avec sa femme, s’il avait le bonheur d’en avoir une. Maintenant il rit bien ; il veut vous embrasser ; il crie : Ha ! ha ! ha ! hé ! hé ! hé ! — C’est bon, c’est bon, je connais ça ; mon Barabas était roux et il ne me refusait pas les coups de trique. C’est pourtant bien triste de ne savoir jamais sur quel pied danser. Et puis, c’est défiant en diable, comme les vieux, et ce qu’il y a de pire, c’est traître : vous croyez qu’il faut rire, justement ça les fâche, ça ne vous dit jamais ce que ça pense. Mais si vous avez du goût pour Matter…