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LE JUIF POLONAIS.



Maréchal-des-logis, vous aimez Mlle  Mathis.(Page 18.)

De loin, je vous écoutais et je pensais : — Elle est là ! —Aussitôt je commence à galoper sur la route. Alors, vous, en me voyant, tout à coup vous ne chantez plus. Les autres vous disaient : « Chante donc, Annette, chante ! » Mais vous ne vouliez plus chanter. Pourquoi donc est-ce que vous ne chantiez plus.

annette. — Je ne sais pas... j’étais honteuse.

christian. — Vous n’aviez encore rien pour moi !

annette. — Oh ! Si.

christian. — Vous m’aimiez déjà ?

annette. — Oui !

christian. — Eh bien, tenez, cette chose-là m’a donné du ehagrin, je pensais : elle ne veut pas chanter devant un gendarme, elle est trop fière.

annette. — Oh !.. Christian !

christian. — Oui, ça m’a donné beaucoup de chagrin ! Je devenais triste. Le père Fritz me disait : « Vous avez quelque chose ? » Mais je ne voulais rien reconnaître, et je lui répondais : « Laissez-moi tranquille... Occupez-vous de votre service... Ça vaudra mieux ! » Je m’en voulais à moi-même ; si je n’avais pas connu mes devoirs, j’aurais fait deux procès-verbaux aux délinquants au lieu d’un.

annette, souriant. — Ça ne vous empêchait pas de m’aimer tout de même !

christian. — Non ! c’était plus fort que moi. Chaque fois que je passais devant la maison et que vous regardiez …

annette. — Je regardais toujours. Je vous entendais bien venir, allez !