Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/227

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vers. J’appelle ces mouvements des rétablissements d’équilibre, des crises salutaires, des conservations.

Quand un changement quelconque s’opère dans l’ordre universel, chacun des êtres que ce changement comprend et surprend n’est plus dans son état d’équilibre ; il faut qu’il y soit remis. Alors, il arrive de deux choses l’une : ou bien la crise révolutionnaire parvient à rétablir l’être menacé dans les rapports qu’il avait auparavant, ou bien elle l’altère plus ou moins profondément pour l’engager dans des combinaisons nouvelles. Et cette altération peut aller jusqu’à la décomposition complète, jusqu’à la Mort, c’est-à-dire non plus à une réparation, mais à une transformation totale qui renouvelle entièrement l’être. La plus complète des transformations, la Mort, n’est dans le fond que la plus féconde des rénovations. La Nature, économe de forces, cherche tout d’abord à faire la part du feu et de la putréfaction, à sacrifier la partie au tout, car la partie est plus facile à refaire que le tout. Mais quand elle ne peut obtenir ce résultat, elle pulvérise le tout.

Quand nous parlons de révolutions, nous ne comprenons sous ce nom que les crises qui se passent dans notre petit monde ; c’est pourquoi nous disons que les révolutions nous sont funestes. Mais si nous nous élevons par la pensée à la notion des révolutions générales, nous verrons qu’elles déversent sur l’ensemble des êtres une somme égale de biens et de maux. Si les révolutions que nous subissons nous sont nuisibles, celles que les autres objets subissent nous sont favorables. Que deviendrait l’homme au milieu de l’univers, si l’univers, ne se modifiant jamais, opposait un obstacle invincible à sa liberté d’action, à sa soif de découvertes, aux nécessités de son existence ?

L’homme ne peut pas se dérober à la transformation. Que, par nécessité ou volontairement, un individu s’isole