Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Monopole. Je suis heureux enfin que ceux-là trahissent leur cause, qui défendent l’infâme cause de la civilisation.

Et pourquoi donc ne dirais-je pas ce qui est au fond de ma pensée ? Suis-je payé pour soutenir le mensonge ? Ai-je figuré jamais sur les registres d’un parti ou répondu à un appel d’enrégimentation ? Je n’hésiterai pas plus à écrire ce chapitre que les autres. Sur cette société gangrenée, vermineuse, j appellerai la Mort, l’Invasion et les Désastres. Je le ferai parce qu’il y a dans cette plume autant d’épouvantements qu’il y a de morts dans la gueule d’un canon ! !.....


VI.   La Mort n’est ni un commencement ni une fin : c’est un point indéfini de notre existence infinie.

L’existence sous-terraine est aussi bien la vie que l’existence sur-terraine, de même que le sommeil est aussi bien la vie que la veille. Dans l’éternité, la vie n’est qu’un jour, la mort n’est qu’une nuit. Et de même que nous réparons dans la nuit ce que nous avons perdu le jour, de même nous refaisons dans la mort ce que nous avons défait dans la vie.


VII.   Pendant huit ans j’ai fouillé dans les cadavres humains sous la direction des princes de la science. Et pendant huit ans, je rentrais tous les soirs accablé de fatigue, et je me disais : Je saurais nommer jusqu’au plus petit nerf d’un mort, et je ne sais pas ce qu’est la mort. Et je me lavais les mains, et je m’endormais, mécontent de mon travail de machine, et je me disais : Mes maîtres m’apprendront bien quelque jour ce qu’est la Mort.

Ah oui ! les maîtres, ils ont vraiment bien autre chose à faire que d’observer la nature ! Eux qui ne voient guère dans l’homme vivant qu’un cadavre et une matière à spé-