Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/279

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pruntera ses caractères aux deux religions primitives ; enfin il résumera, dans ses mœurs et dans son esprit, le génie des deux peuples qui lui ont donné naissance. Les parents revivent dans leurs enfants ; les petits des bourgeois ressemblent, verrues pour verrues, aux honorables auteurs de leurs jours.

Si, dans l’Europe continentale, il est deux États dont les aspirations et les mœurs soient aussi opposées que possible, ce sont bien certainement la Russie et la France, la première au Nord-Est, la seconde au Sud-Ouest du continent ; toutes deux tellement importantes aujourd’hui qu’elles attirent l’attention de l’observateur à première vue d’une carte. C’est de leur choc que résultera le prochain croisement des races européennes.


XXXVI.   Dans le rapprochement des sexes, l’initiative, l’audace, la décision, l’énergie, la poursuite, sont le rôle de l’homme ; la timidité, la crainte, la faiblesse, l’hésitation, une sorte de résistance involontaire contre ses propres désirs appartiennent à la femme. Entre l’homme et la femme qui se recherchent, il y a d’abord gêne, froideur, indéfinissable inquiétude, jusqu’à ce que la vie commune ait fait naître chez eux des sentiments ou tout au moins des habitudes plus intimes.

De même dans le croisement des races. Le peuple conquérant est plus neuf ; il se montre moins effrayé de l’avenir, plus apte à la réalisation des derniers principes entrevus par l’esprit humain ; il est plus entreprenant, plus brutal, plus dominateur. Le peuple conquis est plus passif, plus défiant, plus séducteur, plus adroit, mais moins fort ; l’action lui répugne, la conséquence d’une transformation l’épouvante. C’est plus tard seulement que les différences s’engrènent, que les distances sont comblées, que les caractères s’harmonisent enfin par les relations de chaque jour.