Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/289

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conde en transformations que le cadavre ? — Pourquoi se glutinisent et se putréfient ces différents tissus ? Pour s’accommoder au milieu dans lequel ils se trouvent : transformation. — Pourquoi cet échange non interrompu de matières entre le cadavre et le sol ? Pour entretenir le mouvement universel : transformation. — Pourquoi cette réduction de l’humaine nature, si fière de son pouvoir et de son intelligence, en une argile sans prix ? Pour que toute chose revienne dans le sein de toutes choses, pour que la poussière retourne à la poussière : transformation. — Ainsi qu’il est dit dans le Livre : memento quia pulvis es et in pulverem reverteris. — Transformation, ce qui veut dire : production et consommation bilatérales, pénétration réciproque, échange non interrompu ; c’est-à-dire toujours continuation de la vie et du mouvement partout. Ahimè ! Combien vaniteux et petits nous sommes ! Nous nous montrons bien fiers de tout procédé d’éducation par lequel nous élevons les animaux jusqu’à nous. Et quand la nature, dans une de ses opérations immenses, nous remet en contact avec l’univers, nous la maudissons !

De ce que les détails intimes du travail de transformation souterraine nous échappent, est-ce une raison pour nier ce travail ? Alors il faudrait nier aussi l’évolution du germe dans le sein de la mère parce que nous n’en comprenons pas les divers phénomènes. Et cependant, jusqu’à ce que nous puissions nous rendre compte de ces opérations mystérieuses et terribles, (ce à quoi nous parviendrons avec le temps), il y a là deux résultats d’une importance tellement suprême que nous ne pouvons les méconnaître. L’un est la transformation d’un germe en un être humain ; l’autre est la transformation d’un cadavre en mille objets divers.

Cela contraint à reconnaître que si la force universelle détruit beaucoup — je veux dire l’homme, pour