Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/327

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dérobent sous moi. La nuit, tout le long de la nuit noire, de terribles menaces résonnent à mon oreille, — Il faut que je répète aux hommes ce que la Révolution me crie.

Je ne me réjouis plus que du bruit du tonnerre et des lueurs des éclairs ; mon cœur ne tressaille plus que devant des lambeaux sanglants ! — Il faut que je répète aux hommes ce que la Révolution me crie.

C’est que la Révolution vient. Quand les sociétés sont en décadence, il se lève toujours, du milieu d’elles, des êtres qui souffrent et qui s’écrient : Jérusalem, Babylone, Ninive, Troie, Rome, Athènes périront par l’épée ! Car la coupe de leurs iniquités déborde, et les temps sont proches. — Il faut que je répète aux hommes ce que la Révolution me crie.

Je suis de la race d’Amos, de Cassandre, d’Isaïe, de Savonarole, de Luther, de Cazotte, de tous les prophètes et de tous les apôtres qui crièrent en vain : Malheur, malheur aux habitants de la terre !... et que les habitants de la terre ont lapidés, et qu’ils ont roulés dans les fossés humides, et qu’ils ont retranchés enfin. Je suis de l’irritable race des prophètes et des poètes sauvages. — Il faut que je répète ce que la Révolution me crie.

Je suis étranger à mon pays et à mon temps. Je suis citoyen de la terre ; ma patrie, c’est l’avenir. Les haines de ce siècle me sont réservées. J’en perdrai le peu de santé qui me reste.

Je suis celui qu’on accuse de répandre le désespoir parmi les hommes, celui qu’on appelle fou, qu’on calomnie, qu’on condamne, qu’on poursuit partout et qui n’excite aucun regret derrière lui. Et cependant, je ne dis rien que ce que je vois.

Je suis celui que la fièvre consume, que ses entrailles dévorent. Et je me complais dans ma douleur, car il faut