Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/374

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golfe d’Aden, débarquent sur les côtes d’Ajan, de Zanguebar et de Mozambique. — Un grand nombre, suivant le cours du Nil, et longeant les monts de la Lune, arrivent dans la Sénégambie, la Guinée, le Congo, Benguela, et s’emparent de diverses positions sur la côte occidentale où ils rencontrent la puissance espagnole, conquérante comme eux. — Quelle foule ardente de guerriers ! Que de turbans ! Que de panaches ! Que d’épées de Tolède ! Que de cimeterres recourbés !

Chassés de leur empire d’Europe, ainsi les Turcs s’en iront, avec leurs croissants et leurs brillants costumes, chercher une nouvelle patrie sur le continent brûlé des feux du jour. Telle est leur mission. Leur culte magnifique, la prodigue splendeur de leurs coutumes orientales séduiront les noirs enfants de la Nubie, habitués à sourire à tout ce qui reluit au soleil. — Grand est le nom d’Allah !

Le monde ne se régénère pas incomplètement. L’Afrique est à conquérir au progrès. Accompliront cette révolution les Turcs, peuples ambigus, appartenant à l’Europe par une ébauche de civilisation grossière, ayant gardé de l’Asie le luxe et les pompes, se rapprochant des nègres par le génie, l’âge social qu’ils ont atteint, les contrées qu’ils ont parcourues, celles qu’ils habiteront et mettront en rapport (l’Occident de l’Asie et le centre de l’Afrique). — Les peuples sont des semences de révolutions.

Nos mœurs commerciales sont trop parcimonieuses et nos religions trop austères pou attirer à nous les tribus africaines. La France n’a rien fait en Algérie qu’implanter, au prix du sang et de guerres cruelles, une domination détestée, sans avenir. L’Angleterre, l’Espagne et le Portugal n’ont paru sur ces rivages qui les maudissent que pour voler des hommes et les vendre, esclaves, aux convoitises de l’Univers. — Lourde est la malédiction qui pèse sur tes fils, ô Cham !