Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/140

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aboutir à l’apparition du plus séditieux des prophètes, du démagogue Élie. Voilà le milieu historique au sein duquel se meut, selon nous, l’auteur du Cantique des Cantiques. C’est dire assez que nous admettons comme très-probable une hypothèse proposée par Ewald et Hitzig, et d’après lequel notre poëme aurait été composé dans le Nord. On comprend très-bien qu’un poëte du royaume d’Israël ait mis sur le même rang la petite capitale de Thersa et Jérusalem, tandis que cela ne se conçoit pas de la part d’un Hiérosolymite. L’antipathie contre le harem de Salomon, composé de « filles de Jérusalem », est aussi un trait qui ne convient qu’au Nord. Le style nous reporte vers les régions voisines de la Syrie. Enfin, les rapprochements que M. Hitzig[1] a établis entre notre auteur et Osée, qui, comme l’on sait, est un écrivain du Nord (viiie siècle avant J. C), s’ils ne prouvent pas rigoureusement que

  1. Das Hohe Lied, p. 9-10.