Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/161

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une influence fâcheuse, il crut y voir un livre inconvenant, qu’il fallait rayer du canon. Son opinion resta isolée pendant près d’un siècle ; Grotius et Jean Leclerc la reprirent, le premier avec timidité et maladresse, le second avec décision et netteté. Une opinion mitigée s’était formée d’un autre côté, et avait rallié Vatable (ou l’auteur quel qu’il soit des notes publiées sous son nom), Bossuet, Lowth. D’après cette opinion, analogue à celle d’Aben-Esra, les deux sens, l’un naturel, l’autre mystique, ont leur réalité et doivent l’un et l’autre être maintenus. C’était là, au milieu des opinions théologiques du temps, un véritable progrès, qui permit à Bossuet en particulier d’émettre sur le plan du poëme des idées beaucoup plus justes que celles que l’on avait eues avant lui.

La grande école exégétique qui se forma en Allemagne, vers la fin du dernier siècle, posa enfin la condition essentielle d’une bonne interprétation du Cantique, en écartant absolument le sens mys-