Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/233

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SCÈNE III.


la sulamite.
Accourant vers son amant.

Viens, mon bien-aimé ; sortons dans les champs, allons coucher au village. Levons-nous de bonne heure pour courir aux vignes ; voyons si les ceps ont germé, si les bourgeons se sont ouverts, si les grenades sont en fleur. Là, je te donnerai mes caresses. La pomme d’amour fait sentir son parfum ; à notre porte roulent les plus beaux fruits ; nouveaux et vieux, je les ai gardés pour toi, mon bien-aimé. Oh ! que n’es-tu mon frère ! que n’as-tu sucé le sein de ma mère, pour qu’il me fût permis, quand je te rencontre dehors, de t’embrasser sans qu’on me raille ! Je veux te conduire, t’introduire dans la maison de ma mère ; là, tu m’apprendras