Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/127

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Hélas ! ce que mon âme ne touchait qu’avec dégoût
Est devenu mon pain de chaque jour !


    Qui me donnera que mon vœu s’accomplisse,
Et que Dieu m’octroie ce que j’attends :

Qu’il daigne enfin m’écraser,
Qu’il laisse aller sa main et tranche le fil de ma vie !

Que j’aie du moins cette consolation,
Cette joie dans les souffrances dont il m’accable,
De n’avoir jamais violé les commandements du Saint[1] !

Qu’est-ce que ma force pour que j’espère encore ?
Quelle fin m’attend pour que j’aie patience ?

Ma force est-elle la force des pierres ?
Ma chair est-elle de l’airain ?

Ne suis-je pas dénué de toute aide ?
Toute voie de salut ne m’est-elle pas fermée ?
 

  1. De Dieu.