Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tu me confrontes à de nouveaux témoins,
Tu redoubles de fureur contre moi ;
Des légions d’adversaires m’assaillent tour à tour.



    Pourquoi m’as-tu tiré du sein qui me porta ?
Je serais mort, et aucun œil ne m’aurait vu.

Je serais comme si je n’eusse jamais été,
J’aurais passé du ventre de ma mère au tombeau.

Mes jours ne sont-ils pas un néant ? Trêve !
Laisse-moi m’égayer un peu.

Avant que je parte, sans espérance de retour,
Pour la terre des ténèbres et de l’horreur,

Morne et sombre terre,
Où régnent l’obscurité et le chaos.
Et où le plein jour est semblable à la nuit.