Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/156

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Quoi qu’il arrive, j’ai pris ma chair entre mes dents,
J'ai mis mon âme dans ma main[1].

Dieu me tue ; j’ai perdu tout espoir ;
Il ne me reste qu'à défendre ma conduite à sa face.

Une chose aussi peut me sauver,
C'est que l’impie ne saurait être admis en sa présence[2].

Écoutez donc mes paroles,
Prêtez l’oreille à mon discours.

Me voilà prêt ; j'ai disposé ma cause ;
Je sais que la justice est de mon côté.

Est-il quelqu’un qui veuille disputer contre moi ?
S’il se présente, je veux me taire et mourir.
 

  1. Locutions proverbiales, dont le sens est : J’en ai pris mon parti, je suis résolu à mourir, je n'ai plus de ménagements à garder.
  2. Il flotte entre deux contradictions : d'une part il croit, selon une opinion fort répandue dans l'Orient sémitique, qu'on ne peut voir Dieu sans mourir ; d'une autre côté, il se rassure en songeant que Dieu ne peut se révéler à l'impie.