Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/225

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Car l’oreille qui m’entendait me proclamait heureux,
L’œil qui me voyait rendait témoignage à ma gloire.

Je délivrais le malheureux qui poussait des cris,
Et l’orphelin qui n’avait personne pour l’aider.

Je recueillais la bénédiction de l’homme près de périr,
Je remplissais de joie le cœur de la veuve.

J’étais vêtu d’innocence comme d’un vêtement ;
Ma justice était mon manteau et ma tiare.

J’étais les yeux de l’aveugle
Et les pieds du boiteux.

J’étais le père des pauvres,
J’examinais avec soin la cause de l’inconnu.

Je brisais la mâchoire de l’injuste,
Et j’arrachais sa proie d’entre ses dents.