Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/23

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l’intelligence philosophique et morale du livre de Job, le meilleur des commentaires. Les principaux moments de ce livre admirable s’étaient tracés dans sa pensée en fortes images : il voulait les fixer dans des dessins, qui, gravés à l’eau forte, eussent été joints au présent essai. Ceux qui connaissent le style élevé que M. Scheffer, dans ses dernières années, avait commencé d’appliquer aux scènes de l’Ancien Testament, se figureront facilement quelle sublimité eussent pris sous son crayon des scènes comme celles-ci : — Satan critiquant les côtés faibles de la création ; — Satan épiant l’homme de bien pour le surprendre ; — le juste, fort de sa conscience, soutenant son innocence contre Dieu même, — et d’autres sujets encore que sa belle imagination créait sur cette antique et grandiose légende. La mort ne lui a permis d’achever qu’une seule de ces compositions. Rarement le grand sentiment qu’il avait des choses religieuses l’a mieux inspiré. Satan s’avance devant Dieu, et veut pénétrer effrontément