Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/269

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Et que je lui dis : « Tu viendras jusqu’ici, non au delà ;
Ici expirera l’orgueil de tes flots ? »



    As-tu, depuis que tu existes, donné des ordres au matin ?
As-tu enseigné sa place à l’aurore,

Pour qu’elle saisisse les bords de la terre,
Et qu’elle en secoue les méchants[1] ?

A son apparition, le monde change comme la terre sigillée[2];
L’univers se montre sous un riche vêtement ;
 

  1. La terre est conçue comme un tapis étendu. L’aurore, en l’éclairant instantanément d’un bout à l’autre, effraie par son apparition subite les malfaiteurs, et les fait fuir, de même que l’on prend les quatre coins d’un tapis et qu’on le secoue pour en chasser la poussière.
  2. L’aurore fait sur le monde l’effet d’un sceau sur la terre sigillée, en donnant de la forme et du relief à la surface de l’univers, qui pendant la nuit est comme un chaos indistinct. Les orientaux scellaient avec une argile grasse en guise de cire.