Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/57

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sont les noms d’El, Schaddaï, Eloah, qu’on trouve également chez les autres peuples sémitiques. Dans l’épilogue, enfin (xlii, 7), Dieu donne pleinement raison à Job et reconnaît qu’il a bien parlé de lui, tandis que dans le poëme il reprend Job sévèrement[1] et le taxe de légèreté.

Quelle que soit la force de ces raisons, je ne les trouve point suffisantes pour séparer deux parties d’un ouvrage qui se tiennent aussi bien. Le poëme est inintelligible sans le prologue et l’épilogue. Si quelques traits de ces deux morceaux semblent respirer une religion bien avancée sous le rapport des sentiments, d’autres, au contraire, supposent un culte d’une grande simplicité. Il est difficile d’admettre qu’à une époque de rapetissement intellectuel, comme fut celle qui date de Jérémie et de Josias, on eût su feindre si habilement les formes extérieures d’une religion tout individuelle et reproduire les

  1. xxxviii, 2 (Vulgate, xxxix, 32), xl, 2.