Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/62

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l’apostrophe, comme si personne n’avait discouru depuis la fin des paraboles de Job (xxxi, 40). Enfin dans l’épilogue, les trois amis reparaissent pour être l’objet de réprimandes sévères, et dans tout cela pas un mot d’Elihou, qui pourtant avait mérité, aussi bien qu’Eliphaz, Bildad et Sophar, les reproches de Dieu.

Ces considérations formeraient à elles seules contre l’authenticité du discours d’Elihou une objection bien forte. Mais une preuve plus sensible encore se tire, selon moi, de la lecture du discours lui-même. Dès les premières lignes, on se trouve en présence d’une langue fort différente de celle du reste du poème. Le dictionnaire de l’auteur est insolite ; plusieurs mots qu’il semble affectionner ne se trouvent pas dans les discours des autres interlocuteurs ni même dans le reste des écrits hébreux. Or, quand il s’agit d’une langue aussi libre que l’hébreu, où chaque auteur a en quelque sorte son dictionnaire, les habitudes de style forment un