Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/71

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ère, et que la version grecque dite des Septante répond déjà verset par verset au texte hébreu.


III


Pour bien comprendre le poëme de Job, il ne suffit pas de le placer à sa date ; il faut le restituer par la pensée à la race qui l’a créé et dont il est la plus parfaite expression. Nulle part la sécheresse, l’austérité, la grandeur qui caractérisent les œuvres originales de la race sémitique ne se montrent plus à nu. Pas un moment, dans ce livre étrange, on ne sent vibrer les touches fines et délicates qui font des grandes créations poétiques de la Grèce et de l’Inde une si parfaite imitation de la nature ; des côtés entiers de l’âme humaine y font défaut ; une sorte de roideur grandiose donne au poëme un aspect dur et comme une teneur d’airain, Mais jamais