Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

science, le témoignage de la réalité, voilà la sagesse. La pensée générale du livre de Job est ainsi d’une parfaite vérité. C’est la plus grande leçon donnée au dogmatisme intempérant et aux prétentions de l’esprit superficiel à se mêler de théologie ; elle est en un sens le résultat le plus haut de toute philosophie, car elle signifie que l’homme n’a qu’à se voiler la face devant le problème infini que le gouvernement du monde livre à ses méditations. Le piétisme hypocrite d’Éliphaz et les intuitions hardies de Job sont également en défaut pour résoudre une telle énigme ; Dieu lui-même se garde d’en livrer le mot, et, au lieu d’expliquer l’univers à l’homme, il se contente de montrer le peu de place que l’homme occupe dans l’univers.

L’absence complète de l’instinct scientifique est un des traits qui caractérisent les peuples sémitiques. La recherche des causes est pour eux ou une vaine occupation, dont on se lasse très-vite