Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/79

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(Ecclésiaste, i-iii), ou une impiété, une usurpation sur les droits de Dieu (Job, xxxviii-xli). Voilà pourquoi l’esprit juif, si puissant par sa simplicité et sa persistance, a produit si peu de grandes spéculations philosophiques. Le monothéisme, en tenant l’homme sous la pensée continuelle de son impuissance, et surtout en excluant la métaphysique et la mythologie, excluait du même coup toute théologie un peu raffinée. La théorie des premiers principes de l’univers (forces, idées, etc.) est, à sa manière, une sorte de polythéisme, et il serait possible de montrer que la métaphysique ne s’est développée dans le sein des religions sorties de la race sémitique que par imitation et contrairement à l’esprit de ces religions. Le système du monde, tel qu’il résulte du livre de Job, est des plus simples : Dieu, créateur de l’univers et agent universel de l’univers, fait vivre par son souffle tous les êtres et produit directement tous les phénomènes de la nature. Autour de lui sont rangés comme une cour les fils de Dieu, êtres