Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/92

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philosophie des pères fut en désarroi ; les sages de Théman, dont le premier principe était que l’homme reçoit ici-bas sa récompense ou son châtiment, se trouvèrent des esprits arriérés ; en présence de tels malheurs ils ne surent que pleurer à terre en silence, durant sept jours et sept nuits.

Le livre de Job est l’expression du trouble incurable qui s’empara des consciences à l’époque où la vieille théorie patriarcale, fondée uniquement sur les promesses de la vie terrestre, devint insuffisante. L’auteur voit la faiblesse de cette théorie ; il se révolte à bon droit contre les criantes injustices qu’une interprétation superficielle des décrets de la Providence entraîne avec elle ; mais il ne trouve aucune issue au cercle fermé dont l’homme ne devait sortir que par un appel hardi à l’avenir. Son effort pour secouer l’antique préjugé de sa race demeure impuissant, ou n’aboutit qu’à de perpétuelles contradictions. Quelques partisans de la vieille théorie, forcés par l’évidence des faits,