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générales de l’existence et de la défense du groupe national. S’il nous arrive de vous laisser voir par le ton de notre exposé que nous n’approuvons pas tout ce que la Révolution a fait, entendez que c’est la méthode révolutionnaire, que c’est l’emploi systématique de la violence, que c’est la croyance à l’efficacité des crises soudaines et des changements instantanés que nous réprouvons de toute notre énergie. Le reste est l’affaire des parlements.


II


L’Assemblée Constituante commença par abolir tout ce qui subsistait du communisme du moyen-âge. Il y en avait deux vestiges : 1º la propriété féodale et 2° la propriété de l’Eglise et des corporations. Elle détruisit ces deux formes de propriétés pour y substituer la propriété individuelle. Mais elle ne put le faire qu’en investissant l’Etat du droit de disposer souverainement des biens des citoyens et d’exproprier les uns pour assurer l’appropriation des autres.

Le seigneur était propriétaire virtuel de toutes les terres qui dépendaient de sa mouvance. Quand il donnait un domaine à charge de rente, le censitaire et sa descendance en avaient la jouissance indéfiniment, mais le droit du seigneur continuait à s’affirmer non seulement par les redevances qui n’étaient pas rachetables, mais encore par le retrait lignager et les cérémonies d’hommage dont la signification peu à peu oubliée était de rappeler la concession primitive. Il y avait, à côté des censives, des rentes foncières consenties librement, véritables contrats privés,