Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/168

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meilleurs principes sociaux et il ajoute. « Si la classe fortunée se dégage des préjugés de l’égoïsme, elle s’en plaindra d’autant moins que tout ce qui est nécessaire au rétablissement du crédit lui est nécessaire et avantageux. » ) Le 9 mars, la Convention décide « qu’il sera établi une subvention de guerre qui ne pèsera que sur les riches. » Et le 18, « la Convention décrète comme principe que pour atteindre une proportion plus exacte des charges que chaque citoyen doit supporter en raison de ses facultés, il sera établi un impôt gradué et progressif sur le luxe et les richesses, tant foncières que mobilières. » Mais ce principe ne fut appliqué que plus tard. Pour le moment ce fut un emprunt, l’emprunt civique d’un milliard, qui fut imposé aux riches. On connaît les paroles mémorables de Cambon « Tu es riche, tu as une opinion qui nous occasionne des dépenses ; je veux t’enchaîner malgré toi à la Révolution, je veux que tu prêtes ta fortune à la République, » et celles de Danton : « Citoyens, imposer les riches, c’est les servir ! C’est un véritable avantage pour eux qu’un sacrifice considérable… Paris a un luxe et des richesses immenses. Eh bien ! par ce décret cette éponge va être pressée ! » La question première qui se posa à l’assemblée et à la commission fut de savoir si on prendrait le mot riche dans le sens moral ou dans le sens économique. Un sans-culotte, un patriote, vertueux par définition, pouvait-il être dit riche, quand il avait de gros revenus ? Ne devait-il pas en tout état de cause être exempté de l’emprunt forcé ? Collot-d’Herbois divisait les citoyens au point de vue de la taxe à subir en trois classes, « suivant la nuance de leur civisme plus ou moins marque. » La commission ayant repoussé ce mode de classement pour cette raison que « la loi n’a pas à se préoccuper des opinions politiques des prêteurs, » elle se trouva devant un problème économique assez malaisé à