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le déficit du budget scolaire et qu’ils seront ainsi soulagés de leur superflu. « Le surplus sera fourni par les produits d’une taxe imposée sur tous les citoyens du canton, chacun dans la proportion de ses facultés. » La Convention, en adoptant le 27 brumaire an III le projet modeste, mais pratique de Sieyès auquel Lakanal avait prêté son nom, qui devait être corrigé encore par la loi du 3 brumaire an IV, renonça définitivement à cette utopie qui eût fait de l’Ecole à la fois un établissement d’assistance enfantine, un asile de vieillards, une colonie agricole et une société coopérative de production subventionnée par l’impôt progressif cantonal. En réalité il n’y eut qu’un très petit nombre d’écoles populaires établies par la Convention et là où ces créations eurent lieu, l’instituteur soumis à l’obtention d’un certificat de civisme, agréé et surveillé par la société jacobine de l’endroit, inspira aux familles une défiance la plupart du temps méritée. L’Ecole de Mars fut l’application désastreuse de ces principes[1].

Si donc les résistances que nous avons signalées ne s’etaient pas produites, l’école l publique obligatoire fût devenue entre les mains du parti jacobin un moyen d’humiliation et de vexation pour le riche, une dispense pour les parents pauvres des sacrifices qui font la famille. C’est à cette fin de l’assistance que toutes les institutions de cette époque se ramènent. La question sociale est au premier plan de la politique pour les clubs révolutionnaires, Cordeliers et Jacobins, pour la Commune, pour la Convention elle-même. Déjà instante en 1790 et 1791, elle

  1. Dès l’année 1793, la Convention inaugure une série de mesures tendant à reconstituer une aristocratie intellectuelle : la création du Muséum en juin, celle de l’Ecole normale en octobre. L’année suivante elle fonde l’Ecole polytechnique et le Conservatoire des Arts et Métiers. Eh 1795 apparaissent l’Ecole des langues orientales, le bureau des Longitudes, l’Institut. Voir : Liard, l’Enseignement supérieur en France, 1894, t. ii.